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 Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II]

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Erwan Sant

Erwan Sant


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MessageSujet: Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II]   Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II] I_icon_minitimeMar 20 Mai - 22:39

Un nuage de poussière blanche suivait le fantôme à la trace, tandis que les résidus de marbres crissaient sous les chaussures du sculpteur, tout le long du grand couloir menant à l’entrée principale de la demeure de la famille royale. Le pas rendu nerveux par le futur entretien avec la reine, Erwan se forçait de garder une allure normale jusqu’à sa sortie du palais. La rencontre ne durerait probablement que quelques minutes, mais il s’attendait à ce que tous les nobles l’assaillent d’ici peu de commandes plus narcissiques les unes que les autres. Ce qui, il devait bien le dire, serait très bénéfique à son égo ainsi qu’à son porte-monnaie. Sa famille croulait sous les dettes, et il ne toucherait que très peu de la substantielle récompense dont lui fera profiter le palais royal. Il était devenu, depuis que son père était incapable de travailler, l’homme de la maison. Ce qui était, il fallait le dire, une sacrée charge. Avec ses trois sœurs et son frère, il devait de par son art nourrir cinq bouches. Son métier impliquant souvent d’être payé une fois la tâche terminée, la famille Sant devait régulièrement emprunter de l’argent pour payer la nourriture et le chauffage.


Beaucoup d’autres artistes auraient été dégoutés de leur travail, avec le train d’enfer que devait mener Erwan. Le jeune homme, pourtant, ne s’en lassait jamais, laissant s’exprimer sa créativité sans bornes à chaque nouveau contrat. Sortant du palais, il passa devant les deux gardes qu’il avait croisés en entrant avant-hier. A sa grande surprise, les deux hommes s’inclinèrent devant lui et lui souhaitèrent la bonne journée. Sans leur lancer le moindre regard, le jeune homme continua sa route. Qu’arrivait-il à ces soldats, qui quelques jours auparavant ne lui adressaient que du mépris ? Être dans les bonnes grâces de la reine devait forcer le respect, supposa t-il, encore qu’il se demanda comment deux ahuris comme eux pouvaient être au courant de l’entretien qui l’attendait ?
                                                                                                                                                                                                                                                                                                   
Sans s’appesantir sur le sujet, Erwan continua sa route. Rencontrant nombre de hauts dignitaires Tarkins dans les ruelles du premier district, il se contenta de regarder droit devant lui sans saluer ces hommes et femmes. Ils ne venaient pas du même milieu, et n’avaient pas les mêmes préoccupations. A quoi bon faire semblant ? L’idée que son comportement était pourtant assez contradictoire lui vint soudain en tête.  En effet, lui qui était si fier de ses origines populaires travaillait pour la plus haute instance de Néo-Utopia, s’apprêtais à rencontrer la reine, et crachait pourtant sur la noblesse qu’il rencontrait tous les jours. Peut être était ce par simple jalousie envers l’élite. Non, il n’y avait pas que ça. Tandis que l’aristocratie vivait dans le luxe qu’Erwan contemplait tous les jours, beaucoup de ses amis sans le sous mourraient de faim, et personne ici haut ne s’en préoccupait. Il avait peut être aujourd’hui les moyens de changer cela. Sa rencontre avec la reine ne servirait peut être pas qu’à lui faire rencontrer de nouveaux clients. Cette idée des plus culotées renforça son appréhension pour la rencontre qui adviendrait demain. Mais lui plut énormément.
                                                                         
Tournant à droite dans une ruelle, le palais disparut de sa vue. Augmentant son allure, il alla même jusqu’à s’autoriser de trotter jusqu’au tramway qui le mènerait au quatrième district. Plus vite il serait chez lui, mieux cela serait. Rentrant dans la station, il s’assit sur un des sièges. Ne supportant pas l’attente, il se releva aussitôt. Le train devait arriver d’ici quelques minutes. Impatient, le jeune homme tapa du pied, et au terme de l’attente, s’engouffra dans le véhicule.

Le trajet dura près d’une heure. La distance qui séparait le palais de son foyer était presque aussi impressionnante que la différence de richesse entre les deux milieux. Il vivait dans une petite maison à la bordure du troisième district. Lorsque le pied droit du sculpteur toucha le sol du quatrième district, un rat déguerpit avec un couinement rageur. Ces vermines étaient légions ici. Erwan devait traverser toute la zone pour arriver jusqu’à chez lui, un trajet qui n’était pas des sûrs. Les agressions étaient fréquentes ici. Sa grande taille et ses muscles saillants à force du travail sur le marbre lui permettaient néanmoins d’être à l’abri des coupe-jarrets les plus peureux. Pressant le pas, il fut bien vite devant chez lui. Le portail émit un grincement strident lorsqu’Erwan le poussa. Une tâche dont il devrait probablement s’occuper d’ici peu. Un garçon d’une dizaine d’années sauta dans ses bras sitôt que le jeune homme eut refermé la porte de la maisonnée. Son frère Wiland.


- Alors, tu l’as fini, tu l’as fini ? demanda le garnement, tandis que d’une habile cabriole, l’ainé de la famille plaçait son frère sur son dos.

- Oui, c’est fini ! Et je crois que la reine est contente de mon travail ! Allez viens, on rentre j’ai quelque chose à vous dire à tous !

Une fois à l’intérieur, Erwan déposa son frère et appela toute la famille. Son père, sa mère, et ses trois sœurs le rejoignirent dans la salle à manger.

- Que se passe t-il Erwan? Tu as enfin terminé la statue ? Tu en as mis du temps !
-
La remarque de son père lui arracha un énorme sourire. Le temps que mettait Erwan pour sculpter la commande de la reine était devenu un motif de blague récurent dans l’entourage du sculpteur qui était d’habitude d’une ponctualité exemplaire lorsqu’il s’agissait de créer  une œuvre.

- Hé bien, en plus d’avoir fini, je vais recevoir demain les félicitations de la reine pour mon travail. Devant toute la cour !

Bouche bée, toute la famille l’observa avec des yeux ronds. Puis tous éclatèrent d’un rire –non pas moqueur- mais ravi pour le succès de l’ainé de la famille.

- Tu ne nous fais pas une mauvaise blague mon fils ? déclara la mère, les larmes aux yeux.

- C’est la vérité vraie !


Ambre, sa plus grande sœur, le regarda avec le plus grand sérieux. « C’est génial ! Mais il va falloir que tu te trouves de nouveaux vêtements. Tu es habillé comme un pouilleux ! »

De ses trois sœurs, Ambre était probablement sa préférée. Intelligente, cultivée et d’un charme certain, il se tuait à la tâche pour permettre à la jeune femme de vivre dans un milieu qui lui conviendrait mieux que ce trou à rat. Elle seule avait vu son travail au fur et à mesure de la sculpture, et l’avait conseillée habilement sur ce qui plairait à la reine.

- Tu m’aiderais à choisir une tenue appropriée pour la reine ? demanda simplement le sculpteur ?

- Evidement ! Tu ferais n’importe quoi, sans moi ! Tout le monde est bien sur invité demain ?

Erwan n’en avait pas la moindre idée. Il supposait que tous pourraient venir, mais n’en était pas sur du tout. Avant qu’il ait eu le temps de répondre, son père déclara :
                                                                                 
- Allons, nous n’allons pas embarrasser notre pauvre fils avec sa famille d’impotents et de garnements ! Allez-y tous les deux ! Nous contemplerons ton œuvre un autre jour.
                                                                                                                                   
Le jeune homme faillit insister, mais son père était un homme fier, et il savait que rien ne le ferait changer d’avis. Erwan supposa que le vieillard ne voulait pas avoir l’air de s’attribuer les mérites de son fils. Il hocha simplement la tête, embrassa tout le monde, et repartit bras dessus bras dessous avec Ambre.
                                     
Ils retournèrent dans le premier district. Pendant près d’une heure, ils errèrent dans les nombreuses boutiques, Ambre insistant pour que son frère essaye toutes les tenues possibles et imaginables. Les vendeurs les observaient avec un regard suspicieux. Leurs vêtements actuels laissaient croire à de banals voleurs, néanmoins, la bourse accrochée à la ceinture d’Erwan leur permit de ne pas se faire jeter instantanément dehors. Après cette heure de souffrance pour le jeune sculpteur, Ambre s’accorda pour dire que la première tenue qu’il avait essayée était la meilleure. Il  s’agissait d’un élégant costume noir orné de différentes pièces métalliques sur le torse et les bras, comme le voulait la mode à la cour, avec une chemise à jabot blanche, et un chapeau haut de forme. Autrement dit, un martyre pour Erwan qui n’était pas habitué à porter autre chose que ses vêtements de sculpteur.

Alors que le jeune homme pensait que son calvaire était terminé, et se redirigeait vers la station de train, sa sœur le prit par le bras.

- Hors de question que je vienne avec toi vêtue comme une souillon ! A mon tour de trouver une robe digne de ce nom.

Heureusement, la jeune femme avait déjà trouvé la robe qu’elle désirait. Elle jeta son dévolu sur une robe uniformément verte, descendant jusqu’aux chevilles et dépourvue de manches. Bien que lassé par cette interminable après midi de magasinage, Erwan ne put que reconnaitre qu’Ambre était magnifique dans cette tenue, le vert émeraude de sa tenue mettant parfaitement en valeur la couleur de ses yeux, ainsi que ses cheveux noir cascadant sur ses épaules. Le jeune homme grimaça en remarquant que sa bourse était désormais presque vide.

- Qui sait, avec une robe pareille, peut être qu’un charmant jeune noble me demandera en mariage demain !

- Tu sais pertinemment que tu n’as absolument pas besoin de vêtements aussi sophistiqués pour plaire soupira Erwan. Essaye d’éviter les ennuis demain. Il y a de vrais rapaces, au palais.


Ouvrant son sac, il sortit un livre à la reliure abimée, et au nom doré. « L’histoire des Tarkin à travers les âges » était inscrit. Le tendant à sa sœur il déclara :

- Pendant que tu essayais la robe, je t’ai acheté ceci. Je sais que tu voulais le lire.

Les yeux d’Ambre s’agrandissant de joie, le jeune homme comprit que le livre lui fit encore plus plaisir que la robe. Elle l’enlaça, puis ils repartirent vers la maison, leurs vêtements soigneusement rangés dans le sac d’Erwan.

Ce soir, le « fantôme » ne parvint pas à trouver le sommeil. Sa résolution de parler des problèmes à la reine, ainsi que le simple fait de rencontrer son modèle étaient des plus angoissants. Levé aux aurores, il refit une nouvelle fois le trajet vers le palais avec sa sœur. Le jeune homme fut, pour une fois, complètement silencieux, malgré les tentatives d’humour d’Ambre pour le décontracter.

                                                                                                                                                                                           
Une fois au palais, il remarqua un nombre assez surprenant de personnes près de la salle du trône, chose peu habituelle. Certains, qu’il n’avait jamais rencontré vinrent les saluer. Surpris, il tenta de répondre poliment aux incalculables questions que posèrent les nobles présents. Aidé par Ambre, il parvint à rester courtois malgré l’indiscrétion des interrogations, et se réjouit que seule sa sœur soit venue à l’entrevue avec la reine. Son père, avec le caractère qui lui était propre, aurait sans doute répondu de manière déplaisante à tous ces ronds-de-cuir. Mais bientôt, les portes de la salle du trône s’ouvrirent et tous entrèrent.
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Kharlène Pynt
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Kharlène Pynt


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MessageSujet: Re: Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II]   Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II] I_icon_minitimeMer 21 Mai - 8:37

[Temporalité : suite directe de « L'affamé »]

Kharlène parvint finalement à se lever sans trop de difficultés, bien qu'elle aurait continué à somnoler quelques heures avec grand plaisir. Pressée par le temps, elle se dirigea aussitôt vers la salle de bain pour s'y laver en vitesse, constatant au passage que sa teinture commençait à faiblir. Ça et là, on pouvait voir quelques mèches habituellement d'un noir de jais s'éclaircir de quelques nuances de gris. Il lui faudrait bientôt réitérer le processus voire, pourquoi pas, changer de coloris. Le roux lui faisait envie, mais elle doutait qu'il puisse lui aller. L'adolescente se surprit à se sourire, moqueuse. Depuis quand ce souciait-elle de ce genre de choses ? Elle aviserait sur le moment, comme toujours. Une fois qu'elle fut débarbouillée, elle fit le chemin inverse jusqu'à la chambre commune, dont elle ouvrit l'un des nombreux placards. Cette épreuve allait, pour sûr, s'avérer compliquée. Elle ne s'habillait toujours qu'en prenant en compte le confort et dans quelques cas ses goûts personnels, et les critiques ne manquaient pas à l'encontre de son style vestimentaire. Une robe était sans doute de mise pour une telle occasion, ni plus ni moins qu'une rencontre avec la reine. Une à une, elle fixa celles présentes dans cette collection commune, sans parvenir à prendre la moindre décision. Comment savoir laquelle la rendrait suffisamment présentable aux yeux de la cour étant donné qu'elle n'en avait jamais porté ?

-T'as besoin d'un coup de main ?

L'adolescente pivota pour découvrir, stupéfaite, un visage qu'elle avait parfaitement mémorisé. Les traits fins, il arborait un fin collier de barbe et une chevelure sombre mi-longue. Ses yeux d'un bleu pâle n'exprimaient que douce malice et bienveillance. Même s'ils ne s'étaient rencontrés qu'une fois, Kharlène se souvenait parfaitement de Tobias Petit, un jeune homme dont la beauté semblait irréelle. Restait à comprendre pourquoi ce même Tobias Petit se tenait là, à quelques mètres d'elle, dans sa chambre. À voir le regard effaré qu'elle lui adressait, il comprit qu'une petite justification était de mise.

-J'avais demandé à Cuddy si il y avais moyen de te voir, mais tu dormais, alors je suis revenu.

Gênée, Kharlène avait croisé les bras sur son torse et toisait le nouvel arrivant, peinant à comprendre les raisons qui l'avaient poussées à revenir vers elle. N'ayant aucun contact dans le second district, cherchait-il à faire d'elle une sorte de marraine ? S'il s'attendait à ce qu'il lui fasse visiter les lieux en le présentant à des gens de haute société, il avait clairement misé sur le mauvais cheval.

-...cessez de me tutoyer, fit-elle après un temps d'hésitation.

-Oh, milles excuses, duchesse, railla-t-il.

Duchesse. Peu, très peu de gens l'appelaient ainsi quand bien même le district entier était au courant de son affiliation à Cuddy. Bien qu'elle ne soit pas sa fille biologique, elle demeurait, en tant que troisième Pynt la plus âgée, son héritière. Pourquoi le titre de noblesse avait-il été transmis aux trois aînés ? La décision était royale, arbitraire, inexplicable. Quoiqu'il en soit, les faits étaient là. Si, en tant que mineure, elle ne pouvait encore jouir des avantages de ce titre, elle était bel et bien duchesse. L'importance d'un tel titre lui semblait toute relative, pourtant elle avait pleinement conscience que c'était ce qui lui permettait de vivre aussi aisément. Tobias s'avança vers elle.

-Pourquoi êtes-vous revenus ? s'empressa-t-elle de demander.

-Je voulais simplement te voir, duchesse. Je n'en connais pas beaucoup, mais tu bien la seule personne de moins de quarante ans qui m'inspire de la sympathie ici.

-J'en suis touchée, fit-elle avec plus de sincérité qu'elle ne l'aurait cru, mais je suis pressée.

Tobias se tenait à présent proche d'elle, et désignait la penderie du bout du pouce, un grand sourire aux lèvres.

-Tu semblais pourtant perdre beaucoup de temps ! Laisse moi donc t'aider.

Kharlène grimaça. En voilà un garçon intrusif. Elle eut dans un premier temps pur ambition de l'envoyer paître sans ménagement, puis sa ravisa et haussa négligemment les épaules. Après tout, pourquoi pas ? Tobias faisait preuve d'un certain goût au niveau de l'esthétisme et saurait sans doute la conseiller avec justesse tout en constituant une compagnie moins dérangeante que celle de Cuddy ou de ses petites sœurs adoptives, dont elle avait des difficulté à supporter les gloussements incessants et la fausse candeur. Elles étaient le genre de demoiselles pour qui l'essentiel était de trouver un mari de bonne extraction afin de finir comme toutes les femmes insipides qu'elle dessinait en arrière-plan des portraits familiaux. Quel intérêt pouvaient-elles trouver à une telle situation ? Kharlène ravisa son jugement. N'ayant jamais réellement pris le temps de les connaître ou simplement de leur adresser la parole, elle était particulièrement mal placée pour leur faire un tel procès. Tobias observa une à une les tenues, examinant à quelques reprises l'adolescente de la tête aux pieds, puis finit par se décider. Il lui proposait une robe beige, blanche et marron, à la taille haute et aux manches courtes et bouffantes.

-Vu ta silhouette, ça devrait t'aller. Essaie donc, tu verras bien.


Le jeune homme déposa le vêtement et quitta aussitôt la pièce, allant se placer près de la porte, côté couloir. Ceux qui passaient par là le dévisagèrent, incrédules. Lorsqu'il s'était présenté comme un ami de Kharlène, beaucoup à l'orphelinat avaient cru à la plaisanterie. Mais il venait réellement de sortir de cette chambre où elle seule se trouvait. À l'intérieur, l'altératrice se hâta d'ôter son pyjama et d'enfiler ce nouvel apparat. De prime abord, le résultat la satisfaisait. Le tissu s'étendait jusqu'au-dessus des genoux, ce qui lui offrait une décence bienvenue. Quant au bustier, bien que serré, il ne l’étouffait pas pour autant. Savoir si elle était présentable là-dedans restait à déterminer, mais au moins elle s'y plaisait. Elle esquissa un pas vers la porte et fut surprise de la rigidité des épaules. C'était donc pour cela que ces courtisanes avaient constamment les mains jointes, ou immobiles. Il faudrait s'y faire. Des phalanges, elle donna deux petits coups sur l'entrée. Tobias entra.

-Ça te vas bien duchesse, commenta-t-il sobrement. Reste que tu ne vas pas aller à cette cérémonie pieds nus.

-Comment savez-vous où je me rend ?

-Oh ? J'ai simplement bavardé quelques instants avec le Duc. Un homme des plus loquaces, il est vrai.

Voilà qui ressemblait bien à Cuddy. S'il pouvait se vanter d'être invité par la reine en personne, il le crierait à qui voulait bien l'entendre, et cela suffisait souvent à impressionner le tout-venant. Une idée, terrifiante, lui traversa alors l'esprit : son père adoptif lui cherchait-elle un compagnon ? Peut-être extrapolait-elle, mais Cuddy lui avait toujours laissé faire ce qu'elle voulait et fréquenter qui elle voulait. Malgré son inhibition, jamais il ne lui avait forcé la main. Même aujourd'hui, pour une occasion si importante, elle savait que pour peu d'insister, il lui aurait permis de rester à l'orphelinat. Un ricanement de Tobias la sortit de ses pensées. Elle l'interrogea du regard.

-Tu es vraiment drôle, tu sais. Toujours à penser à des dizaines de choses à la fois...

-Vous ne lisez pas dans les pensées, Tobias Petit.

-Tu comptes me vouvoyez longtemps ?

La répartie la déstabilisa grandement. Il s'adressait à elle comme s'ils étaient de vieilles connaissances, croyait pouvoir tout se permettre. Les gens d'en bas, comme certain les appelaient dans ce district, étaient tous ainsi. Arrogants, orgueilleux. Elle méprisait cela plus encore que l'hypocrisie de ceux de la cour. Ce qui faisait qu'en fin de compte, il n'y avait pas grand monde qu'elle ne méprisait pas. Elle-même, il lui arrivait de se mépriser. Kharlène fit la moue puis, après avoir longuement réfléchi à chaque mot de sa phrase, la prononça.

-Si vous tenez à me fréquenter, vous feriez mieux de ne pas passer outre la bienséance. Allons donc compléter cette tenue.

Tobias soupira, mais était au final aussi joyeux qu'un jeune enfant à qui on accordait quelques instants. Il termina de conseiller Kharlène par une paire de bottines aux talons bas – en utiliser de plus haut n'aurait eu que peu d'intérêt étant donné que l'adolescente n'était ni particulièrement fine, ni élancée. Le tout fut parfait avec de longs gants sanglés. Pour sûr, elle était présentable à présent, ou tout du moins bien plus qu'elle ne l'avait jamais été. Tobias proposa d'arranger sa coiffure. Elle aimait pourtant garder ses cheveux constamment relâchés, mais dut se résoudre à admettre qu'il valait mieux en changer. Elle alla donc s'asseoir tandis que le jeune homme se dressait derrière elle. Face à eux, un grand miroir lui permettait d'adopter deux angles sur l'avancée de son travail. Il commença par ôter les lunettes de la duchesse.

-Je pourrais les garder ? demanda-t-elle.

-Quoi, sur le crâne ?

Elle acquiesça d'un hochement de tête. Tobias parut pensif un instant, puis finit par répondre à son tour par l'affirmative. Cela risquait même d'être plutôt esthétique. L'aîné des Petit entreprit de rejeter vers l'arrière la chevelure qu'il tenait entre les mains, lesquelles vinrent souvent flirter avec sa nuque, ses oreilles et son front, ce qui déplut fortement à Kharlène. Définitivement, elle ne supportait pas qu'on la touche. Lorsque la masse capillaire fut parfaitement symétrique, Tobias aida sa cliente improvisée à enfiler de nouveau ses lunettes, de manière à que celles-ci retiennent le tout. Via un élastique sobre, il rattacha enfin le tout en une queue de cheval sommaire, puis fit dépasser une mèche de cheveux blancs qui descendit en cascade depuis le front de l'adolescente jusqu'au-dessous de son menton. De profil, un trait immaculé traversait son crâne de bout en bout. C'était simple, mais du plus belle effet.

-Eh bien t'y voilà, duchesse ! Tu es splendide.

-Tobias, je vous remercie, mais s'il vous plaît, cessez donc de me faire la cour.

Le sourire était déjà apparu depuis longtemps, les ricanements s'étaient fait entendre, mais cette fois-ci le jeune noble fut prit d'un éclat de rire, ce qui ne manqua pas de surprendre Kharlène. Elle avait pourtant été tout à fait sérieuse en prononçant ces mots, et il ne lui semblait pas avoir employé un ton ou une tournure risible.

-Te faire la cour ? répéta Tobias. Tu n'y es pas du tout, duchesse. Ne le prends pas mal, je te trouve réellement jolie et si tu n'étais pas en outre intéressante, je ne serais pas venu ici. Mais sois en sûre, jamais je ne te ferais la cour, je n'y aurais aucun intérêt.

Pendant quelques secondes, Kharlène crut qu'il allait continuer, expliquer ces raisons qu'il sous-entendait, mais il n'en fit rien, ce qui, au final, ne la dérangea pas. Elle voulait bien le croire sans attendre de justifications, surtout si la situation l'arrangeait. Elle se releva et s'observa sous tous les angles dans le miroir. Bien qu'elle fut loin de tomber amoureuse de son reflet, ce qu'elle y voyait lui plaisait assez pour qu'elle s'en satisfasse et soit reconnaissante envers cet énergumène. La pendule lui apprit qu'il serait bientôt temps de prendre la route en compagnie de son père adoptif. Elle redoutait cette cérémonie mais était pourtant curieuse de rencontre la reine régente. Si l'on en croyait les rumeurs, sa beauté était divine ; or Kharlène appréciait le beau. Tobias se tenait toujours là, immobile. Les mains dans les poches, il la regardait, souriant.

-Attendez-vous une récompense pour ce que vous m'avez fait ? l'interrogea l'adolescente.

-Nullement, nullement ! Quoique. M'autoriseras-tu à te revoir ?

Kharlène hésita grandement à lui répondre avec une franchise qui aurait été blessante. Non, elle n'avait nullement envie de le revoir bien qu'elle n'eut rien contre lui. Entretenir une relation sociale ne faisait pas partie de ses priorités. Mais elle se souvint de la promesse qu'elle s'était faite pendant son entraînement avec Fride. Trop longtemps, elle avait vécu fadement. Cela impliquait un certain effort, mais peut-être pourrait-elle tenter de faire de ce garçon un ami. Il était moins désagréable que les aristocrates et n'avait selon ses propres dires aucune vue sur elle, ce qui en faisait un candidat parfait. Elle soupira.

-Je t'accorde cet honneur, Tobias Petit.

-Cet honneur ?

Une fois encore, il se moqua gentiment.

-Allez, duchesse, donne moi donc ta réponse au lieu de parler comme tous ces courtisans.
Leurs regards se croisèrent, puis celui de la jeune fille se durcit quelque peu sans parvenir à en devenir intimidant.

-Vous avez déjà ma réponse. Suivez moi à présent, je vous accompagne vers la sortie.

Tobias soupira de dépit sans pour autant cesser de sourire et emboîta le pas de son interlocutrice qui s'engouffrait déjà dans le couloir. Les Pynt furent étonnés de voir leur aînée si élégante, mais ne se risquèrent pas à le lui faire remarquer. Ici, elle n'était pas très appréciée tant il lui arrivait d'être désagréable pour un rien. Cuddy attendait les deux jeunes gens au rez-de-chaussée, assis sur l'un des canapés du salon. Il se leva en les voyant arriver, et alla aussitôt poser ses mains sur les épaules de Kharlène en la jaugeant, comme il le faisait trop souvent au goût de l'intéressée.

-Tu es splendide, très chère. Vous méritez félicitations, monsieur Petit.

-Rien n'aurait été possible sans la beauté naturelle de la duchesse, mon Duc. Il m'est venu à l'oreille que vous aviez à faire, aussi ne vais-je vous importuner plus longtemps. Duc, duchesse, ce fut un plaisir.

Après avoir lancé un dernier clin d'œil ambigu à Kharlène, Tobias finit par disparaître dans les rues de Néo-Utopia. L'adolescente se retrouvait désormais en tête à tête avec Cuddy, et n'était pas certaine de gagner au change. Bien que plus familière, la présence du collectionneur avait ce petit quelque chose d'inquiétante. Lui aussi était sur son trente-et-un. Il avait enfilé un élégant costume blanc et pourpre, et exhibait fièrement monocle, gousset, haut de forme et canne au pommeau doré. Il n'y avait pas à douter qu'au vu de sa démarche et sa tenue, Cuddy avait été un très bel homme dans sa jeunesse. Aujourd'hui, bien que vieillissant, il gagnait en élégance et en prestance. Son intellect seul n'avait pas fait de lui l'un des hommes les plus important de l’aristocratie : le charme avait également joué. Le collectionneur salua ses enfants, puis décréta qu'il était temps de partir. Les premières minutes de marche furent un véritable enfer pour Kharlène, qui ne sut que faire de ses mains. Celles-ci étaient habituellement fourrées dans les larges poches de ses pantalons, ou occupées à tenir son matériel. Là, elle ne pouvait que laisser ses bras ballants, ou les croiser derrière son dos. Elle opta finalement pour la seconde option et s'y tint. Très vite, le duo se détourna des avenues principales pour s'engouffrer dans des allées moins fréquentées. Si elle ne fit aucune remarque dans un premier temps, l'adolescente finit par exprimer sa surprise.

-La station est de l'autre côté...

-Oh, Kharlène, ma très chère Kharlène. Laissons cela aux petits gens, veux-tu ?

Volontiers. Elle détestait ce train suspendu qui produisait un vacarme assourdissant à chaque freinage, et pour lequel il fallait monter moult marches avant de patienter longuement. Il fallait en outre se mêler à n'importe qui, et il lui arrivait d'être prise de vertiges. Cependant, à moins d'escalader le mur à mains nues, elle ne voyait pas d'autres moyens de se rendre à la cour. Et or de question de s'initier à l'alpinisme en robe. La réponse qui lui échappait ne tarda heureusement pas à lui apparaître. Ils étaient à présent dans un quartier délaissé depuis des décennies. Bâties dans la roche, les habitations ne s'usaient pas, voire gagnaient en majesté à mesure que la vigne timide venait y grimper. Nul ne se rendait jamais en ce lieu où il n'y avait plus rien à voir. Mais Cuddy se dirigea vers une maisonnette collée au mur, dont la porte d'acier était close. De la poche de son veston, il sortit un trousseau de clé dont il se servit pour ouvrir les trois verrous. L'intérieur était éclairé par des phosphèrs placés un peu partout. Cuddy somma Kharlène d'entrer, puis referma la porte derrière elle. Une fois que ce fut fait, il se dirigea vers une seconde porte, l'ouvrit à son tour. De l'autre côté de cette ouverture, une pièce en tout point similaire à celle dans laquelle ils se tenaient se dressait. Une nouvelle fois, ils entrèrent, refermèrent derrière eux, puis, pour terminer, sortirent de cette pièce par la porte qui donnait sur l'extérieur. Ils étaient passé de l'autre côté du mur.

-Une dizaine de minutes au lieu d'une petite heure. Le gain de temps me semble conséquent, très chère. Soyez une dame à présent, prenez mon bras.

Avec un semblant de répugnance qu'elle parvint à dissimuler, Kharlène obtempéra. Bientôt, tous deux arrivèrent devant le palais royal. Eden. La plus grande œuvre souterraine au monde, et la demeure de la famille royale. Tous ceux qui y entraient s'en vantaient des semaines durant, et c'était compréhensible tant la démesure du lieu jurait avec l'insalubrité de certains districts. Il y avait à chaque angle des gardes royaux par groupe de quatre, armés jusqu'au dent, et sans doute étaient-ils plus encore entre les murs d'Eden. Brave ou fou serait celui qui tenterait de le prendre d'assaut. Cuddy emmena sa fille jusqu'à l'entrée principale, dont ils gravirent les nombreuses marches. Beaucoup saluaient le collectionneur bien bas sur son passage, ce à qui il répondait en soulevant légèrement son couvre-chef. Devant la porte, haute d'une dizaine de mètres et au moins aussi large, on leur demanda de présenter leurs bracelets d'identification. Ils s'exécutèrent et furent approuvés, puis pénétrèrent enfin dans l'enceinte du bâtiment. Ses dimensions étaient démesurées, à l'image de l'ambition des rois qui l'avaient fait construire. Les plafonds hauts, les murs ornés de tableaux, le marbre omniprésent, tout prônait la majesté du lieu, pourtant Kharlène demeura insensible à son charme. Ce n'était jamais que de la roche taillée dans de la roche, le tout décoré par de la roche. Lorsqu'on vivait dans une grotte, cela faisait un peu trop. Un garde royal s'avança vers eux. Ou plutôt une garde royale.

-Cuddy Hoban, salua Fride. Et regardez qui voilà ! Réveillée et déguisée. Pas de problèmes pour ton sommeil ?

-Aucun. Je vous dois des remerciements.

-Vas-y alors, remercie moi donc.

-Euh...eh bien...merci.

-Voilà qui est fait ! Cuddy, pourrais-je t'emprunter ta princesse ?

-Faites donc. Kharlène, nous nous retrouvons devant les portes du trône.

Cuddy s'éloigna, interpellé par quelque noble gens avec qui il avait sans doute beaucoup à échanger. Fride empoigna aussitôt le bras de Kharlène -cela commençait à devenir une habitude- et l'emmena dans un couloir à l'écart de l'agitation du hall. La grande rousse décrocha de l'arrière de sa ceinture un objet que l'adolescente n'eut pas le temps de reconnaître, puis souleva de quelques centimètres la robe de l'altératrice au niveau de sa jambe droite. Avant qu'elle ne puisse se dégager ou même se plaindre, Fride y avait attaché un minuscule fourreau, dans lequel était rangé un couteau de lancer. Le tissu retomba, dissimulant l'arme. L'air ébahi de Kharlène se suffit largement, aussi n'eut-elle pas besoin de poser de questions. La sous-officière répondit de son initiative.
-Évites de t'en servir, mais sait-on jamais. Ce n'est pas les hommes dangereux qui manquent ici.

-Les hommes dangereux...de quoi voulez-vous parler ?

-Des gens comme Cuddy, très chère. Crois moi, il vaut mieux que ce bonhomme soit un ami.

-Pourquoi des gens comme Cuddy m'en voudraient ?

Fride repoussa les quelques cheveux qui lui retombaient sur le front, et lança un regard de chaque côté du couloir, pour s'assurer que nul ne surprenait leur conversation.

-Même si tu l'es bien plus que moi, tu n'es pas vraiment jolie. Tu es plutôt petite, pas assez maigre, tes formes sont avares.

Un grommellement marqua le mécontentement de l'adolescente. Elle se fichait éperdument de ne pas être un modèle de beauté, mais se serait bien passé d'une liste de ses défauts sans la moindre raison.

-Pourtant tu es bien plus désirable que nombre de Tarkins. Tu es spéciale. Tu es unique. C'est pour ça que Cuddy t'as pris avec lui, et c'est pour ça que la cour t'appréciera – car elle t'appréciera, n'en doutes pas. Tu es une rareté, ils vont vouloir se l'approprier. Si tu pensais que Néo-Utopia était dangereuse par endroits, tu seras étonnée d'apprendre qu'Eden est bien pire. Du coup...

Joignant le geste à la parole, elle tapota sur sa propre cuisse, et Kharlène regarda la sienne. Un couteau, hein ? Elle n'était pas certaine de pouvoir s'en servir correctement au corps à corps, alors pour ce qu'il était de le lancer avec précision, il faudrait repasser. Encore, si cela avait fait partie de son entraînement avec Fride, elle aurait pu comprendre, mais ce n'avait pas été le cas. Mais surtout, elle ne comprenait pas l'inquiétude de la garde royale, ou du moins celle-ci lui semblait exagérée. Ce n'était pas comme si n'importe qui pouvait tenter de l'attaquer ou allait l'oser, avec tous ces soldats. Toutes les manigances de la cour lui échappaient, mais les propos de son professeur avaient au moins le mérite confirmer son ressenti : l'hypocrisie de la haute-société dissimulait bien quelque chose de plus sombre. Mieux valait demeurer hors des jeux du pouvoir. Pour la forme, Kharlène remercia son interlocutrice puis alla se joindre à Cuddy. Sur son passage, elle fut salué à trois reprises par de parfaits inconnus, à qui elle ne prit pas soin de répondre. En la voyant arriver, le collectionneur s'empressa de la présenter à ceux avec qui il discutait, un couple de musiciens de renom. Bien vite, les discussions furent toutefois endiguées : les portes de la salle du trône venaient de s'ouvrir.
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MessageSujet: Re: Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II]   Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II] I_icon_minitimeMer 21 Mai - 17:43

Tandis que les portes s'ouvraient, une troupe de musicien en uniforme alla se placer sur les côtés de la salle du trône, trompettes et violons à la main. Les gardes, quant à eux, faisaient en sorte que nul ne dépasse une limite imposée à plusieurs mètres du trône encore vide. Ainsi, les invités, dont le nombre s'élevait à une petite cinquantaine, se retrouvèrent confinés. Des portes jusqu'au trône, un tapis rouge avait été déplié. On ordonna aux témoins de la cérémonie de se placer de part et d'autre, selon la catégorie à laquelle ils appartenaient : artistes invités pour l'occasion, ou gens de haute société. Lorsqu'ils eurent formé cette haie d'honneur improvisée, le capitaine de la garde déplia un parchemin et en lut les premières lignes d'une voix claire après avoir demandé le silence.

-Que le dénommé Erwan Sant se présente !
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MessageSujet: Re: Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II]   Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II] I_icon_minitimeMer 21 Mai - 18:24

L’anxiété d’Erwan, qui était pourtant à son paroxysme alors qu’il fréquentait tous les nobliaux, augmenta à des proportions que le jeune homme n’aurait pu imaginer. Toute cette mise en scène était elle donc juste pour lui ? Tentant tant bien que mal de se rassurer, il se dit qu’il s’agissait sans doute d’une procédure habituelle à la cour, et qu’il n’avait pas à s’inquiéter. Bien consciente de son angoisse, Ambre serra fort la main de son frère ainé pour lui donner courage, puis le poussa gentiment vers le tapis rouge. Le jeune sculpteur lança une grimace qui se voulait être un sourire à son amie, puis avança à pas lents sur le tapis. Concentré sur sa marche, il prit garde à ne pas trébucher, et regarda droit devant lui, le teint livide. Sans regarder les musiciens, il apprécia la musique jouée. Grand mélomane, il se sentit apaisé et reprit confiance en lui. Erwan était désormais au pied des grandes marches menant au trône. Son royal « modèle » ne devrait pas tarder à arriver.
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MessageSujet: Re: Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II]   Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II] I_icon_minitimeMer 21 Mai - 20:18


[HRP: Post commun, Erwan en emporte la moitié de l'xp]

Jusqu'à lors, les musiciens se contentaient d'un fond sonore discret. Dès qu'Erwan fut debout, seul au centre du tapis rouge, la mélodie s'accéléra. Puissante dès les premières notes, elle finit par s'adoucir pour devenir harmonieuse, belle, presque émouvante. Au fond de la salle du trône, une porte s'ouvrit, et la reine fit son apparition. De haute taille, vêtue d'une robe dont la splendeur surpassait au centuple celles des invités, elle avançait le dos droit, le menton haut, sans lancer le moindre regard vers ceux qui s'étaient mis en rang à quelques mètres d'elle. Une fois devant le trône, elle fit un quart de tour pour se retrouver face aux courtisans, et prit la parole après s'être éclaircie la voix. La musique cessa aussitôt.

-Erwan Sant, enfant du peuple Tarkin, approche.

La voix, cristalline, résonna sur les murs épais, l'amplifiant considérablement. La reine souriait, avenante, et tendit une main vers Erwan en guise d'invitation. Du bout des doigts, elle lui désignait les quatre marches devant lesquelles il devait, comme l'exigeait le protocole, s'agenouiller. Au fur et à mesure que le sculpteur avançait, il commençait à comprendre qu’il ne s’agissait pas ici d’un simple remerciement de la part de la reine. Pourtant, son anxiété commençait peu à peu à s’envoler, de par le regard encourageant de sa mécène. Qu’allait-il se passer par la suite, il l’ignorait, mais il y allait de bon cœur. Comprenant implicitement les usages de la cour, le jeune homme poursuivit sa marche, jusqu’à aller s’agenouiller à quelques pas de la reine, baissant humblement la tête. Kaitlyn fit signe à l'un de ses valets de lui apporter l'ustensile qu'il tenait à l'horizontale dans le creux de ses mains : une longue rapière noble ornée d'or et de gemmes dont le seul éclat avait de quoi faire pâlir les plus fortunés des aristocrates. Elle empoigna l'arme, puis avança vers le jeune sculpteur.

-Erwan Sant, compte tenu de votre remarquable performance, il m'a semblé justifié de vous récompenser en conséquence. La statue que vous avez façonné de vos mains demeure l'une des plus belles pièces de la collection du palais. En ce titre, et au nom des pouvoirs suprêmes qui me sont conférés par le sang du roi-guide, je vous accorde le titre honorifique de sire.

Le discours fut suivi d'une double accolade de la rapière, et la régente prit la main de son invité pour le redresser, en prenant soin de rester une marche au-dessus de lui. Telles étaient les règles : on ne regardait la reine de haut, et on ne lui tournait jamais le dos. Invitée à le faire par le capitaine de la garde, la foule se mit à applaudir tandis que la reine la saluait. Elle s'adressa à Erwan sans baisser de ton, mais sa voix fut recouverte par les violons et ne put ainsi être entendue que par le tout récent noble.

-Inclinez-vous donc devant eux, jouez le jeu.

Suivant les instructions de la reine, le tout nouveau noble sourit de toutes ses dents et s’inclina devant la petite assemblée. Il croisa le regard vitreux d’Ambre. Il la comprit. Plus jamais leur famille n’aurait à s’inquiéter de la faim. Plus jamais ils ne devraient passer un repas, faute d’argent. Ambre pourrait enfin suivre des études, ainsi que tous ses frères et sœurs. Erwan avait toujours souhaité le meilleur pour sa famille, et grâce à ses efforts acharnés, il y était parvenu. L’émotion faisait battre son cœur à l’envers, et la force lui manquait dans les jambes. Pourtant, il tint droit et fier. Ce jour était le plus important de sa vie. Kaitlyn leva haut la main, sommant à la foule de faire silence. Le capitaine de la garde réitéra l'ordre, et bientôt les musiciens prirent une nouvelle pause.

-Sire Sant, reprit la reine, en raison de votre nouveau statut, vous acquerrez des privilèges. Celui de circuler librement dans toute Néo-Utopia, et celui de résider dans le second district. Une habitation vous y a été délivrée.

-Reine Kaitlyn, votre générosité est aussi grande que le disent les chansons. Avoir eu votre noble personne pour modèle est un bien plus grand honneur pour moi que le titre que vous m’avez accordé.

S’inclinant une nouvelle fois devant la reine, le jeune sculpteur ne put retenir une unique larme. Il était désormais Sir. Kaitlyn le remercia pour ses éloges d'un hochement de tête approbateur, puis s'adressa une dernière fois aux invités.

-Chers amis, fêtez donc notre nouveau venu. Vous trouverez dans la salle de réception tout le nécessaire. Capitaine, accompagnez-les y donc !

Et l'officier fit signe à tous de le suivre, Erwan compris.
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MessageSujet: Re: Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II]   Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II] I_icon_minitimeJeu 22 Mai - 11:19

Lorsque les invités furent séparés en deux rangées destinées, par la suite, à former les rangs qui feraient office de public, Kharlène ne sut où se placer. Elle faisait partie de la haute noblesse de Néo-Utopia, mais avait été invitée pour ses talents de dessinatrice. Dans le doute, elle préféra rester auprès de Cuddy. Un jeune homme s'avança à la demande du soldat. Erwan Sant. C'était donc lui qui allait être anobli. Il n'avait pourtant en aucun cas l'air d'un homme raffiné, apte à séduire la famille royale par quelque pirouette intellectuelle. Mais mieux ne valait pas s'attarder trop longtemps sur les raisons qui faisaient qu'un tel ou un tel finissait dans les bonnes grâces de leur souveraine, elle n'en finirait pas. Le regard de Kharlène fut irrémédiablement attiré par la femme qui lui tenait le bras, quelques instants auparavant. Elle en voyait, des gens. Lorsqu'elle dressait leur portrait, elle les observait sous tous les angles, tentait de faire son possible pour arranger leurs défauts, les faire paraître sous leur meilleur jour. Tout comme Tobias, l'inconnue était déjà parfaite. Avec sa robe verte, elle brillait au milieu de ces costumes sombres. La musique monta crescendo à cet instant, et la reine pénétra dans la salle. Suivant l'exemple du collectionneur, Kharlène s'inclina aussi bas que son accoutrement le lui permettait, puis écouta la courte cérémonie d'une oreille distraite. Ce genre de formalités ne l'intéressaient guère. Elle se plia au jeu en applaudissant sans retenue au moment propice, satisfaite de la tournure que prenaient les événements. Au final, ils seraient bientôt de retour à l'orphelinat. Puis on annonça cette fête, et l'adolescente comprit qu'elle ne pourrait y échapper. Un soupir lui échappa.

L'officier en charge depuis leur arrivée les emmena jusqu'à la fameuse salle de réception, dont les proportions s'avéraient titanesques. Le plafond devait surpasser la quinzaine de mètres, et les murs s'étalaient pour former un cercle grandiose. De nombreuses chaises encernaient des tables circulaires, tandis que d'autres, plus longues, supportaient les constituantes d'un buffet monumental. Viandes, hors d'œuvre, plats saupoudrés d'épices onéreuses, vins de grands crus : tout avait été prévu pour que chacun se souvienne de ce moment. À l'opposé de la porte d'entrée, une estrade était prévue pur accueillir les musiciens qui fermaient le cortège, tandis que le centre formait une piste de danse. Kharlène se souvint d'avoir déjà entendu Cuddy parler des coutumes de la cour. Avant que quiconque ne puisse se permettre de danser, il fallait que la reine et son cavalier ouvrent le bal. La monarque allait donc se joindre à la fête. Ç'avait été la première fois que l'altératrice  avait l'occasion de la voir. Les tableaux la représentant étaient somme toute étonnement réalistes, laissant place à ses imperfections sans pour autant parvenir à capter ce qui faisait son charme. Kaitlyn II était pour sûr quelqu'un qui inspirait la confiance et qui semblait profondément bienveillante. Il était aisé de comprendre pourquoi le peuple avait décidé de la suivre alors qu'elle n'était pas plus âgée qu'elle suite à la tyrannie imposée par son prédécesseur. Les discussions commençaient à naître de toute part, entre les aristocrates jouant le jeu de la bienséance mimée et les artistes trouvant bonheur à se côtoyer au vu de leur passion commune. Kharlène était perdue. Elle ne désirait aucunement se faire des amis aujourd'hui, et encore moins subir les commentaires déplacés de la haute-société. Du coin de l'œil, elle aperçut Fride, les bras croisés, près de la porte. Elle n'hésita pas un seul instant et se dirigea aussitôt vers elle. La soldate l'accueillit avec le sourire.

-Comme on se retrouve. Tu te joins pas aux autres ?

-Vous pensez pouvoir me tutoyer en public ? répondit-elle, réellement concernée.

Fride leva les yeux au ciel et rabattit ses cheveux vers l'arrière, une manie que Kharlène commençait à remarquer. Elle faisait souvent cela avant de dire quelque chose d'un tant soit peu sérieux.

-J'ai sans doute pas le droit. Un soldat du quatrième qui tutoie une duchesse, ça se fait pas. Mais c'est pas parce que j'ai pas le droit que je ne peux pas le faire. Et ça me ferait mal de vouvoyer une gamine !

Un sourire se dessina à son tour sur les lèvres de Kharlène, ce qui suffit à surprendre son interlocutrice. Elle n'aurait pas pensé la voir avec une expression autre que l'indifférence de sitôt. Le fait était que Fride avait réussi en très peu de temps à lui donner plus espoir que n'importe qui en des années. Elle venait d'un milieu pauvre, était sans doute devenue sous-officière en se battant, tant du fait de son origine que de son genre. Elle n'était pas belle, ne maniait pas particulièrement bien la langue, et souffrait de l'altération. Pourtant il se dégageait d'elle une bravoure hors du commun. Il y avait à n'en pas douter nombre de gens intéressants réunis dans cette salle, mais il n'y en avait qu'une sur laquelle Kharlène voulait en savoir plus.

-Je veux vous tutoyer également, dans ce cas ?

-T'as même intérêt à le faire !

-Super. Tu ne participes pas ?

-Je t'en prie, je suis garde. À moins d'être généraux, ceux de l'armée ne festoient pas.

Elle lança un regard dédaigneux vers une quadragénaire faisant de grands gestes en s’exprimant plus fort qu'elle ne le devrait, puis continua :

-En tout honnêteté, ça ne m'intéresse pas. Si ça implique de devoir supporter tous ces gens-là...non, je me contente de les surveiller. Peu de risques, mais sait-on jamais. Et puis je suis payée pour ça, après tout.

Kharlène alla tirer une chaise sur laquelle elle s'installa moins confortablement qu'elle ne l'aurait voulu, faute à la robe qui lui imposait de se tenir droite. La manière qu'avait son professeur de parler la fascinait, ce dépit teinté de cynisme la charmait.

-Comment tu t'es retrouvée là ?

Fride fit la moue à l'écoute de la question, ce qui gêna l'adolescente. On ne pouvait pas simplement demander aux gens de raconter leur passé sans préavis. Certaines blessures demeuraient douloureuses à jamais. Elle qui n'avait aucun souvenir de son enfance et de ses parents était pourtant bien placée pour le savoir. Elle s'apprêtait à s'excuser pour son indélicatesse, mais son interlocutrice la prit de vitesse.

-C'est une longue histoire. Enfin non, pas si longue que ça. Et on a notre temps, après tout. Mais avant tout, tu es sûre de ne pas vouloir aller avec tes copains bourgeois ? Tu sais, s'ils te voient traîner avec quelqu'un comme moi, ta réputation va en prendre un coup.

-Je suis une Pynt, alors ma réputation...

-Pas faux. Tu est bizarre. Ils aiment ça.

-Tu aimes ça ?

-Fillette, si je ne t'aimais pas, fais moi confiance, je t'aurais déjà fais déguerpir !

-Alors ?

Le regard de Fride se perdit un instant dans le vide, comme si elle se remémorait de lointains moments, tentait de mettre d'avance de l'ordre dans le récit qu'elle allait narrer. À dire vrai, elle cherchait quelque élément suffisamment passionnants pour être décrits. Même si elle ne la considérait que comme l'adolescente qu'elle était, sa jeune disciple était une duchesse. Seul un nombre infime de nobles pouvaient sa targuer de jouir d'un rang supérieur au sien, bien que le respect qui lui était du ne soit que rarement exprimé. Une duchesse méritait une histoire passionnante, une duchesse ne s'attardait pas sur les détails superflus, sur les émotions ressenties par le personnage. Mais une duchesse n'avait pas les cheveux blancs à dix-sept ans. Une duchesse ne dessinait pas les portraits d’aristocrates mineurs, une duchesse n’exhibait pas son ennui lors d'une cérémonie. Une duchesse ne portait d'intérêt à une sous-officière. Peu importait les privilèges de Cuddy, son droit d'aînesse, son nom. Kharlène n'était pas une duchesse. Fride se surprit à lui porter dores et déjà une affection qu'elle-même savait déplacée. Une affection que contrastait avec la haine qui bouillonnait constamment en elle. Kharlène avait le don de la calmer, de la passionner, d'amplifier sa bienveillance. Elle lui accordait l'attention que personne ne lui avait jamais accordé durant trente-trois années. Elle fit signe à l'adolescente de s'approcher, laquelle obtempéra en rapprochant plus encore sa chaise. Fride se baissa pour se mettre à son niveau, et commença son récit dans un murmure.

-Je suis née ici, à Eden. De l'union de Gabrielle Nowborn et du comte Marshall Stellis Guitili.

-Le comte... ?

-Tu as des leçons d'histoire à réviser, toi...Marshall Stellis Guitili. Alexander III. Le roi.

-Le roi ?!

Les deux comparses se redressèrent en sursaut, vérifiant que nul ne les avait surprise. Le second garde affilié à la porte de la salle de réception leur lança un regard interrogateur, mais n'insista pas. Les autres invités ne semblaient pas les avoir entendu, grâce au pianiste qui avait commencé à jouer et aux conversations dont le volume augmentait petit à petit, l'alcool aidant. Kharlène se retourna vers Fride en s'excusant platement et en promettant de se contrôler. La soldate put reprendre, toujours en chuchotant.

-Des rumeurs courent que la reine est inféconde. Je ne sais pas si c'est vrai, mais une chose est sûre :  le roi ne la touche pas, ou l'inverse, qu'importe. Kaitlyn désigne les plus belles femmes de Néo-Utopia et les envoie au roi. Si l'enfant convient à la reine, elle en fait le sien. J'ai vécu deux ans ici. Ma mère s'occupait de moi, et la reine me regardait grandir. Je ne l'ai pas convaincue, et elle nous a renvoyé, ma mère et moi.

-C'est...c'est une pratique horrible...

-Pas tant que cela. L'enfant qui plaira à la reine deviendra roi ou reine, et aucune femme n'est forcée de tenter sa chance. Disons simplement que ce n'est pas le genre d'offres qui se refuse.

-Et la reine, as-t-elle déjà choisi ?

Fride répondit par la négative via un hochement de tête.

-Kaitlyn est perfectionniste, et a du temps devant elle.

-Et ton père ? L'as-tu revu ?

-Il ferait beau voir. Le roi a des dizaines de maîtresses. Pourquoi se serait-il intéressé à la fille de l'une d'entre elles ? Enfin...on a du vivre dans le quatrième district. Je n'ai pas à m'en plaindre, j'ai toujours su me débrouiller là-bas. Quand il le fallait, je frappais les garçons, même les plus grands que moi. J'ai assisté à l'éclosion d'un de mes amis. Il est mort sur le coup. C'était un incubateur, et il m'a donné la magie. Je n'ai pas fais de longues études, j'ai donc intégré l'armée. Faire une demi-tête de plus que les hommes et être altératrice, ça aide pour s'y faire une place. Et voilà que la reine me confie la tâche de surveiller cette fête. À croire qu'elle aime bien ma présence. Qu'elle aime me rappeler que je n'ai pas été à sa hauteur.

Les convictions de Kharlène quant à la supposée bienveillance de la reine s'évanouirent tout à coup. Cette personne faisait peut-être une excellente dirigeante, mais souffrait d'un manque de qualité humaines évident. Tout de même, quelle drôle d'histoire. L'adolescente dévisagea son professeur pour s'assurer qu'elle ne venait pas de l'inventer pour se payer sa tête, mais il paraissait n'en être rien. Fride Nowborn était la fille du roi, et aurait pu devenir reine si elle avait été plus jolie. Voilà donc à quoi se résumait la succession du pouvoir à Néo-Utopia. Combien y en avait-il donc, des bâtards que la reine avait rejeté et qu'elle prenait plaisir à torturer ? Peut-être cet autre garde là-bas, peut être la plupart de ces invités sur lesquels elle ne pouvait mettre de nom. Peut-être même elle, qui savait ? On lui aurait effacé la mémoire pour qu'elle oublie qui elle était. Improbable, mais pas impossible. La grande rouquine ne semblait heureusement pas particulièrement affectée par ce triste récit. À l'inverse, elle en avait tiré la force de se forger un caractère qui lui était propre. C'en était admirable.

-Désolée de t'avoir demandé ça, s'excusa Kharlène.

-Ne le sois pas ! Après tout, moi je connaissais déjà ton histoire, on est quitte. Oh, regarde là-bas. Cette demoiselle est toute seule.

La jeune femme que Fride désignait était celle que son élève avait déjà aperçue toute à l'heure lors de la cérémonie. Probablement la compagne de ce nouveau noble, Erwan Sant. Ou plutôt Sire Erwan Sant.

-Va donc lui tenir compagnie ! conseilla Fride, sur un ton qui avait presque valeur d'ordre.

-Attends, je voulais encore te demander une chose.

-Quoi donc ?

-Pourquoi connais-tu Cuddy ?

-Ah, Cuddy Hoban ! Une autre histoire, ce sera pour une autre fois. En attendant, allez !

Sans ménagement, elle releva l'adolescente et la poussa en direction de la fille en vert. Kharlène se retourna vers Fride et comprit qu'elle ne pourrait pas y échapper : si elle se défilait, la sous-officière viendrait insister une fois encore. Soit. Elle aimait la solitude mais ne craignait pas pour autant d'aller vers autrui. Elle approcha de l'inconnue, l'air neutre, et s'inclina légèrement une fois qu'elles furent face à face comme le voulait la coutume.

-Dame Sant, je présume ?

Kharlène dut se retenir de soupirer de dépit. Le timbre de sa voix était à des lieues de celui emprunté par les courtisanes. Sa crédibilité en tant que telle était moindre. Voire moins encore.
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MessageSujet: Re: Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II]   Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II] I_icon_minitimeSam 24 Mai - 22:55

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MessageSujet: Re: Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II]   Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II] I_icon_minitimeLun 26 Mai - 17:09

Mademoiselle Pynt, pour sa curiosité envers les manants déshérités, ainsi que son courage pour avoir assisté à une cérémonie des plus ennuyeuses gagne 324 points d'expérience
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Erwan Sant

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MessageSujet: Re: Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II]   Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II] I_icon_minitimeLun 26 Mai - 18:33

La cérémonie n’avait pas duré plus longtemps d’un battement de cil. Pourtant, la vie de sept personnes allait changer du tout au tout. La grâce royale était toute puissante. Suivant la foule nombreuse qui se dirigeait vers la salle des fêtes, « Sir Erwan » tentait de repérer sa sœur, ce qui n’était pas mince affaire. De plus, comme à son arrivée, beaucoup allaient le féliciter de son nouveau statut, lui serrant la main, lui affirmant tout son support, et le complimentant pour sa splendide statut. Dans ses recherches, le sculpteur remarqua que de tous les gens assemblés ici, bon nombre d’entre eux, dissimulés en courtisans, étaient en fait comme lui des artistes que des faveurs avaient élevés jusqu’au palais. Il ne s’agissait que de quelques petits détails. Une minuscule tache de peinture sur le visage, une main où la bosse de l’écriture prenait une taille tellement impressionnante qu’il ne pouvait s’agir que d’un dessinateur acharné, et pour sa part, une petite entaille sur le front qu’avait laissé son travail acharné sur le marbre. Tout cela l’amenait à penser qu’il trouverait ici des personnes réellement capables de le comprendre, ayant eu le même parcours que lui. En somme de futurs possibles amis. Se prenant peu à peu au jeu de la cour, et apprenant vite des codes imposés à ce milieu restreint, le jeune homme tenta de retenir chaque nom et chaque titre. Ces gens se révèleraient d’une grande utilité par la suite, cela ne faisait aucun doute.

En pleine conversation avec un prétentieux baron au monocle imposant, Erwan sentit un petit tapotement à son épaule. Se retournant, il vit sa sœur, des larmes faisant couler son maquillage pourtant parfait. La voir si émue ravit le jeune sculpteur, qui l’enlaça tendrement. En temps normal, pour une telle occasion, le jeune homme aurait probablement fait tourner Ambre au dessus du sol, mais le cadre ne semblait pas vraiment adapté pour une pour une manifestation d’amour aussi forte. Malgré cela, la jeune femme serra son frère au point de presque l’étouffer. Les laissant dans leur intimité, les différents nobles s’éloignèrent, quelque peu offusqués que l’on ne leur prête pas l’attention qu’il se devait.

- Je n’arrive pas à y croire, Erwan hoqueta Ambre, tant l’émotion lui prenait la gorge. Tu es génial, mon frère.

- Je n’arrive pas encore à me rendre compte de ce qui vient de se passer… Je pensais que la reine voulait juste me féliciter… C’est incroyable…


- Ça l’est… J’ai hâte de voir la tête que va faire papa !


Desserrant leur étreinte, le frère et la sœur reprirent conscience du monde qui les entouraient, et du regard souvent bienveillant, parfois désobligeant que leur portaient les différents convives.
Un jeune homme aux atours somptueux les rejoints, un grand sourire aux lèvres. Erwan le reconnut comme le Lord Jonas, qui lui avait fait la conversation peu de temps avant son adoubement. Le noble ne lui avait pas fait une très bonne impression, très axé sur sa richesse, et des plus vaniteux. Néanmoins, dans une telle occasion, même sa présence ne posait aucun problème au sculpteur.
- Sir Sant, que la chance vous sourit ! En plus d’avoir un don indéniable en sculpture, et de faire parti depuis peu de l’élite de Néo-Utopia, vous disposez d’une femme des plus dévouées, et dont la beauté n’a que peu d’égal.
Peu habituée au langage de la cour, Ambre eut un exquis sourire face à tant de compliments. Dans le quatrième district, un tel langage se révélait bien rare. S’inclinant devant le nouvel arrivant, la jeune femme eut un petit regard vers Erwan.

- Je suis flatté de votre attention, sir. Je ne suis néanmoins que Ambre, la sœur d’Erwan et non sa femme.

- « Que » est un bien bas mot pour vous ma chère déclara Jonas, visiblement ravi d’apprendre que le lien qui unissait Erwan et Ambre n’était que de fraternité. Vous faites désormais tout autant parti de la noblesse que votre frère. Vous viviez dans le quatrième district, c’est bien cela ? Un avenir radieux vous attend désormais !

Bien moins ravi que sa sœur de la présence du Lord, Erwan n’appréciait guère la séduction déployée par le noble, ainsi que tout ce qu’il semblait savoir sur eux. Etait-il le seul à ignorer que son anoblissement était programmé pour aujourd’hui ? Voilà qui était des plus déplaisants, il fallait le dire.

- Quel flatteur vous faites, Lord Jonas déclara Erwan. Suite au regard assassin de sa sœur, il ajouta néanmoins : il est vrai que tu es des plus ravissantes Ambre.

La jeune femme acquiesça puis s’inclina et s’éloigna pour refaire sa toilette au cabinet. Ses larmes de joie avaient complètement ruiné son maquillage. Pendant ce temps, son frère affrontait les questions du Lord, ainsi que de nouveaux arrivants, tous plus curieux les uns les autres de la vie du jeune homme. Jonas semblait très intéressé par sa famille, et plus spécifiquement sa sœur, ce qui n’étonna pas le moins du monde le sculpteur. Il s’attendait à ce qu’Ambre suscite l’intérêt masculin et la jalousie féminine. Et il avait touché dans le mille. Après avoir échappé aux curieux et inventé de toute pièce un prétendant à sa sœur, le jeune homme se tourna vers les quelques artistes se trouvant dans la salle des fêtes. Ils formaient un groupe assez fermé, bien que l’on remarqua aisément que certains mécènes férus d’art les accompagnaient, et débattaient avec eux. Lorsqu’il se présenta à la petite communauté, il fut accueilli par de fortes poignées de main.

- Ainsi, l’artiste reconnais ses semblables déclara un vieil homme, richement habillé, et qui était selon toutes probabilité un des nobles subventionnant ses compères. Laissez-moi me présenter !

Le vieil homme portait le nom de Sir Endar Delfe, et comme Erwan l’avait deviné, il s’agissait un promoteur de jeunes talents. Le noble lui présenta tous ses compagnons, artistes de différents horizons. Engageant une longue conversation avec ces hommes et ces femmes des plus plaisants, il participa au débat qui traitait des différents courants artistiques s’opposant à l’heure actuelle dans le régime tarkin.

Pendant ce temps, Ambre sortait du cabinet, son fard parfaitement réaccordé avec son teint de peau. Tentant d’esquiver au mieux les hommes qui se hasardaient tant bien que mal de la séduire, elle s’isola dans un coin de la pièce, cherchant de nouveau son frère du regard. Elle se sentait ici comme une souris entourée de rapaces. Les hommes ne l’abordaient ici pas pour une conversation intellectuelle, mais d’avantage pour vanter ses atours  et lui poser des questions indiscrètes sur sa vie. Une jeune fille se dirigea vers elle. Son comportement dénotait singulièrement avec ce qu’elle voyait au palais. Décalée par rapport aux autres courtisans, la jeune femme semblait dans son monde. Ambre aurait juré qu’il s’agissait d’une des nombreuses artistes de la cour. S’inclinant gracieusement devant la jeune fille, elle demanda :

-Elle-même ! A qui ai-je l’honneur ?
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Kharlène Pynt
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MessageSujet: Re: Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II]   Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II] I_icon_minitimeLun 26 Mai - 22:38

[Post commun: Erwan remporte la moitié de l'xp]


L'adolescente hésita un instant sur la manière dont elle allait se présenter. Il était de coutume d'exposer son nom, son métier, et surtout son titre. La noblesse adorait se pavaner et tenter impressionner à la moindre occasion. Elle avait de quoi, surtout face à une simple dame, mais étrangement, elle commençait à prendre goût à la familiarité des gens du quatrième district. Même Tobias ne la dérangeait pas autant qu'elle le disait. Aussi opta-t-elle pour la simplicité.

-Kharlène Pynt. C'est votre première fois à la cour ? Pas trop déçue ?

Ambre, tout sourire, regarda son interlocutrice avec malice. Elle ne se serait pas attendue à ce que la jeune fille lui parle ainsi. Cela était néanmoins rassurant. Elle commençait à se sentir épuisée face à tant de babillage obséquieux. De plus, de par toutes leurs prétentions, Ambre avait le sentiment que tous ces nobles la rabaissaient à chaque parole. Si son frère avait été présent, il lui aurait dit abruptement que tous ces piques assiettes orgueilleux  avaient lu cent fois moins de livre qu’elle, quand ils n’étaient pas simplement des analphabètes possédant juste une somptueuse épée avec laquelle ils se pavanaient.

-C’est un grand moment pour nous fit-elle en désignant son frère, qu’elle venait de repérer à quelques mètres d’elle. Néanmoins, je n’imaginais pas les gens aussi…

La jeune femme hésita quelques instants avant de finir sa phrase, mais se résolut, face à la simplicité de la jeune femme à la terminer.

-Aussi imbus d’eux même…

Imbus ? Certes, ils l'étaient, mais ce n'était pas là leur pire défaut. Kharlène reconnaissait bien la réaction typique des nouveaux nobles. Soit ils se mettaient à vouer un culte absolu à la famille royale, soit ils serraient les dents et mettaient leur fierté de côté pour décrocher quelques avantages. Son interlocutrice faisait visiblement partie de la seconde catégorie. La catégorie des hypocrites, en somme, celle la même qu'elle se plaisait à mépriser. Pourtant elle ne parvint à lui adresser cette hostilité. Dame Sant était quelqu'un de doux, de bon. Ces gens-là n'étaient pas doués pour dissimuler leur bon fond, tout simplement car il ne s'agissait pas que du fond. Un silence s'était installé. Les deux jeunes femmes observaient l'assemblée qui discutait, riait, mangeait et buvait. Kharlène chercha Cuddy des yeux et le vit en pleine conversation avec un homme qui lui semblait être le second frère du roi, à moins que ce ne soit son cousin. Fride évitait soigneusement de jeter un œil sur elle, l'aidant à sa manière à se sociabiliser. Cette fois-ci, l'adolescente ne retint pas son soupir et se gratta nerveusement l'épaule.

-Excusez moi, dame Sant. Je n'ai jamais été douée pour tenir la conversation...Je devrais sans doute vous dire que vous êtes splendide et que Sire Erwan a de la chance de vous avoir pour femme. Je le penserai vraiment. Voulez-vous me l'entendre dire ?

Ambre éclata de rire. La jeune fille avait la finesse d’un Améas chargeant sa proie. Loin de l’hypocrisie du reste de l’assemblée, elle peinait à se comporter de la manière adéquate face à son interlocutrice. C’est justement ce qui faisait d’elle la personne la plus agréable avec qui elle ait parlé depuis son arrivée au palais.

-Je ne veux pas entendre de compliments, aussi sincères soient-ils. Pour en avoir, je n’aurai qu’à me balader près de ces vautours qui se donnent le nom de « prétendants ». Et « Sir Erwan » est mon frère fit la jeune femme en esquissant un sourire.

Cette fille lui inspirait beaucoup de curiosité. Ces manières peu conventionnelles, son comportement des plus décalés. Comme Ambre, elle ne semblait pas venir de la cour…

-Mais  -si tu me permets de te tutoyer- qui es tu ? Es-tu une de ces artistes qui sont venus assister à la cérémonie ?

Kharlène n'était plus à un tutoiement près ces jours-ci, aussi acquiesça-t-elle lorsque Ambre lui en fit la demande. Elle était d'ailleurs bien la seule à se préoccuper d'en avoir l'autorisation. Elle fut en revanche surprise qu'on lui demande qui elle était après qu'elle eut donné son nom. « Pynt » était un patronyme pour le moins évocateur pour quiconque se targuait d'être de l'aristocratie. De toute évidence, cette petite fratrie ne s'attendait pas à être élevée au-dessus de leur condition initiale. Difficile à croire, d'ailleurs, que cette magnifique femme provienne du quatrième district. Les roturiers ne maniaient pas aussi bien la langue d'accoutumée. Preuve supplémentaire si besoin était que Kharlène avait besoin de revoir ses aprioris. L'adolescente se ressaisit après s'être rendu compte qu'elle avait, involontairement, laissé s'écouler une demi-minute depuis la question qui lui avait été adressée. Pouvait-elle se considérer comme une artistes ? Elle ne faisait jamais que reproduire ce qu'on lui demandait de dessiner, rien de plus. Même lorsqu'elle prenait pour modèle ce qu'elle désirait, soit la plupart du temps des insectes, elle retranscrivait sans créer. Pour autant, c'était bien en sa qualité de portraitiste qu'on lui avait adressé cette invitation. Kharlène, qui avait le regard fixe depuis la minute précédente, cligna enfin des yeux et retrouva ceux d'Ambre, constatant qu'elle avait encore laissé la gène progresser à son insu.

-Euh...oui. Enfin, oui et non. C'est un peu compliqué, dans mon cas...vous n'avez pas entendu parler de Cuddy Hoban depuis votre arrivée ?

Kharlène semblait complètement perdue dans ses pensées. Ambre fut même surprise d’entendre la réponse à sa question. Cuddy Hoban… Cherchant dans sa mémoire, elle cru se souvenir qu’un des invités l’avait évoqué rapidement.

-Tu as été élevé par cet homme ? Il te traite bien ?

Des ragots qui étaient arrivés à ses oreilles, cet homme accumulait les « trophées » humains. Altérateurs, enfants difformes et doués de talents particuliers. Soudain les yeux d’Ambre brillèrent d’une lueur particulière.

-Tu… Tu es une altératrice ?

La question pouvait être des plus déplacées, mais la jeune femme espérait que Kharlène ne s’en formaliserait pas…

Ce ne fut heureusement pas le cas. Elle avait appris à vivre avec ses pouvoirs, que ce soit en les calfeutrant ou, plus récemment, en les utilisant avec parcimonie. Oubliant la question concernant son père adoptif, l'adolescente répondit à la seconde.

-Oui. C'est pour ça que mes cheveux sont blancs. Les gens pensent que je me les teint en blanc, alors que ceux en blanc sont ceux qui...

Elle stoppa sa phrase en plein milieu, se rendant compte à quel point la teneur de ses propos était fade. Comment diable faisaient ces aristocrates pour tenir une conversation complète sans jamais se fatiguer ? Elle avait beau leur attribuer tous les défauts possible, difficile de ne pas leur reconnaître ce talent. Sa main se leva timidement vers ses lunettes, mais elle se retint de les rabaisser. Se comporter étrangement en public n'aurait fait qu'attirer toute l'attention sur elle, et elle s'en passerait volontiers. Kharlène empoigna un verre rempli d'une substance qu'elle savait non-alcoolisée, et en avala la moitié d'une gorgée. Le liquide n'était pas ragoutant, mais avoir quelque chose entre les mains la détendait, dans une certaine mesure.

-Je ne me souviens même pas comment ça c'est passé...mon premier souvenir, c'est quand Cuddy m'a achetée. Et voilà. Je suis la troisième aînée. Je suis duchesse. Vous feriez une bonne duchesse. Moi, j'ai l'air d'une duchesse ? Même ceux qui savent que je le suis s'en contrefichent, c'est dire.

La lueur dans les yeux d’Ambre s’intensifia. Elle n’avait pas une fois évoqué ses dons d’altératrices au palais, de peur de se faire répudier. Mais elle n’était visiblement pas la seule. Voilà qui était réconfortant.

-Tu fais une duchesse bien plus respectable que toutes les nobles que j’ai croisées pour l’instant, critiquant mon décolleté ou la manière dont mes cheveux sont arrangés…

Regardant Kharlène dans les yeux afin d’être sûre d’avoir sa  volatile attention. Ce qu’elle allait dire était un sujet des plus importants pour elle.

-Comment fais tu pour… Pour contrôler ta magie ?

Drôle de question de la part d'une personne lambda. Mais après tout, les badauds étaient souvent curieux d'en apprendre plus sur l'altération. Une raison de plus pour lesquelles elle évitait de révéler sa nature en public. Elle devait toutefois reconnaître que son interlocutrice n'était ni condescendante, ni offensante. Et puis soit, on lui tendait une perche à laquelle elle était apte à se raccrocher, autant en profiter pour ne pas perdre la face.

-Jusqu'à peu, je ne l'utilisais pas, tout simplement. Mais j'avais des cauchemars, vraiment étranges. Alors on m'a présenté à Fri...au sous-officier Nowborn. C'est cette femme, là-bas.

Du bout de l'index, elle désigna son amie adossée à la porte d'entrée, la main sur la poignée de son épée, l'air patibulaire. Certainement pas le genre de connaissances dont une noble pouvait se vanter. Comme pour s'en justifier, l'adolescente s'empressa de dresser ses qualités.

-C'est une altératrice hors du commun. Elle m'a appris qu'il fallait utiliser la magie avec modération, mais ne pas s'en abstenir totalement. Le tout est d'accepter le fait qu'on l'ait en nous et qu'il faille faire avec de toute façon. Pourquoi ce sujet vous intéresse-t-il tant, Dame Sant ?

Ce fut l'occasion pour Kharlène de réaliser qu'elle n'avait, jusqu'à lors, pas entendu le prénom de la sœur du sculpteur.

Buvant les paroles de l’altératrice, Ambre perdait presque toute contenance, se penchant vers son interlocutrice avec intérêt. Ne pas refouler son pouvoir, mais l’utiliser avec parcimonie… Voilà ce qu’elle faisait déjà, en cachette et à grand renfort de culpabilité. Elle aussi, par le passé, avait ressenti les effets pour le moins étrange de la cohabitation du démon en son corps. Mais chez elle, cela se manifestait par de légères hallucinations. Sa vision se troublait parfois, ou sa vue s’altérait de manière à ce que tout ce qu’elle percevait prenne une teinte d’un vert foncé. Regardant Kharlène avec intensité, elle se demanda comment l’artiste avait pu ne pas encore deviner…

-Je suis une altératrice, tout comme toi. Et j’ignore presque tout de ce don. Penses tu que ton amie pourrait m’aider, moi aussi ?

Le fait d'apprendre que cette magnifique jeune femme était elle aussi infectée par un démon n'avait somme toute rien de surprenant. Ces créatures malfaisantes attaquaient plus couramment les quartiers en périphérie que le centre-ville. Rencontrer Fride ? Drôle de requête. La première pensée de Kharlène fut un refus clair et net, sous prétexte d'un manque de temps de la part de son professeur. Le petit mensonge lui aurait peut-être assuré d'avoir le monopole de l'attention et de ce qu'elle croyait être l'affection de la grande rouquine. Mais ces tumultes égoïstes furent bientôt chassés pour faire preuve à un pragmatisme essentiel à son sens. Elle aimait se dire qu'elle était, à l'inverse de ses semblables, quelqu'un de franc en tout circonstance. La réalité s'en écartait, mais cela n’empêchait qu'elle faisait son possible. Un sourire vint toutefois discrètement illuminer son visage lorsqu'elle constata qu'elle disposait en réalité d'une véritable parade, tout à fait honnête.

-Elle le pourrait sans doute, répondit-elle, mais vous venez tout juste d'entrer dans notre monde. Vous pourrez toujours faire mine de rire de moi quand on vous demandera pourquoi vous me côtoyer, il se dit que je suis une curiosité. Mais fréquenter une soldate pourrait desservir votre réputation.

L'adolescente se tourna pour se retrouver face à sa camarade, à qui elle tenta de lancer un regard sérieux. Ses sourcils demeurèrent haussés comme à leur habitude, continuant de lui donner cet air flegmatique et rêveur au lieu du résultat escompté, mais l'intention était là. Comme pour en témoigner, elle repoussa même la mèche de cheveux nacrés qui dissimulait à moitié son œil gauche.

-La réputation est essentielle ici. Tout ce que vous ferez et direz se saura, d'une manière ou d'une autre. Je suis la fille de Cuddy. J'ai donc la chance de pouvoir aller à l'encontre du bon sens. Les gens trouveront ça insolite, mais je vous l'ai dis, je suis une curiosité.

En y réfléchissant, la règle de réputation s'appliquait également à elle. Si elle devenait trop normale du jour au lendemain, on la dénigrerait autant qu'une fille de bonne famille se permettant quelque acte insolite.
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Kharlène Pynt
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MessageSujet: Re: Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II]   Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II] I_icon_minitimeLun 26 Mai - 23:54

Kharlène s'attendait à une réponse de son interlocutrice, pour le moins loquace, lorsqu'une femme dont l'identité lui échappait sur l'instant - une baronne lui semblait-il - décida de porter un toast au nom de la reine. Kaitlyn II. Drôle de personnage que celui-ci. Rares étaient les souverains à bénéficier d'une telle popularité, et sur lesquels tant de rumeurs glorifiantes circulaient. Certains disaient qu'elle ne vieillissait pas, ce qui conservait sa beauté. Et cela frappa soudainement l'adolescente. Effectivement, elle pouvait croire qu'une femme demeure belle malgré l'âge et ne gagne que peu de ride, mais le corps humain imposait des limites à cette particularité. Fride avait une trentaine d'années...or la reine n'en faisait que quelques unes de plus ! Des éléments de cette histoire ne tenaient soudainement plus sur pied, car si le roi et sa cinquantaine d'années correspondaient à l'âge de la sous-officière, celle de la souveraine posait problème. La dessinatrice fit une révérence maladroite destinée à la sœur du sculpteur.

-Ne prenez pas cela comme une impolitesse, mais je dois aller parler à Nowborn sans tarder. Je reviens tout de suite.

Évidemment, il s'agissait d'une impolitesse. Mais la jeune femme ne semblait pas être de celles qui s'en souciaient. Fride vit arriver sa jeune disciple, le sourire aux lèvres. Elle avait eu raison de la pousser à aller vers autrui. Cela ne pouvait que lui faire du bien de découvrir que le monde ne se résumait pas à elle et son papier. Son air un tant soit peu sérieux piqua toutefois la curiosité de la soldate, qui l'interrogea silencieusement.

-La reine...commença Kharlène lorsqu'elle fut arrivée à son niveau.

Elle n'eut toutefois pas le loisir de terminer sa phrase : les trompettes venaient de s'ajouter au piano et aux violons pour partir sur un crescendo dont la signification n'échappait qu'à peu de monde. Les invités se redressèrent, fixant la porte d'entrée dont las battants s'ouvrirent aussitôt. Comprenant qu'elle n'était pas réellement à sa place, Kharlène se colla au mur en se dissimulant plus ou moins derrière l'imposante silhouette de son professeur, qui s'était mise au garde-à-vous. La dite souveraine dont elles s’apprêtaient à parler l'instant d'avant fit son entrée, vêtue d'une robe luxueuse dans laquelle elle se pavanait. Tous se mirent à applaudir en saluant sa beauté, et l'adolescente en profita pour l'observer de plus près. Indubitablement, cette femme avait le même âge que Fride. Kaitlyn passa bientôt d'un groupe à l'autre, n'ayant certainement pas encore décidé qui serait son cavalier, et les conversations reprirent à sa demande. Elle ne voulait pas que les convives se sentent gênés par sa présence.

-Tu disais, fillette ? relança la soldate.

-Euh...oui, la reine. Elle est beaucoup trop jeune pour avoir voulu t'adopter, si on peut appeler ça une adoption.

Fride la dévisagea comme si elle venait de dire une énormité, cherchant visiblement à s'assurer qu'elle ne plaisantait pas. Kharlène ne comprit pas où elle voulait en venir, et n'eut le loisir de s’interroger bien longtemps. Son amie partit d'un rire moins discret qu'elle ne l'aurait voulu et lui envoya une boutade qui la fit grimacer tant elle était brutale. À dire vrai, l'adolescente eut besoin de faire trois pas en arrière avant de retrouver l'équilibre. Fride avait du oublier qu'elle faisait deux têtes de moins qu'elle et à peine la moitié de son poids.

-J'y crois pas, t'es pas au courant, alors que t'es la fille de Cuddy ?

-Au courant de quoi ? fit-elle, agacée.

-Cette magnifique femme au large sourire qui se ballade en charmant tout le monde, et qui apparaît sur les tableaux, ce n'est évidemment pas la reine, andouille que tu es.

-Vraiment ? Une doublure ?

-Comme si la reine avait le temps pour ces âneries. Elle va sur ses soixante ans, tu sais.

Voilà qui expliquait beaucoup de choses. La haute société était au courant de la supercherie. Kharlène se sentait tout à coup particulièrement stupide d'avoir cru un seul instant à cette soit-disant jouvence dont bénéficiait leur monarque. Personne ne devait d'ailleurs être dupe, mais ceux du bas-peuple n'osaient certainement pas remettre en question les qualités dont Kaitlyn était auréolée. L'adolescente poussa un énième soupir, puis s'apprêta à retourner vers la femme dont elle ne connaissait pas encore le prénom, lorsqu'elle se rendit compte que celle-ci était en charmante compagnie. La reine, ou plutôt la figurante, lui faisait la conversation.
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MessageSujet: Re: Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II]   Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II] I_icon_minitimeMar 27 Mai - 0:09

Kaitlyn II avait, comme prévu, rejoint la fête alors qu'elle battait son plein. Une cerise sur la gâteau. Tradition avant d'ouvrir le bal, elle fit le tour des invités, leur adressant personnellement la parole, s'attardant sur ceux qui méritaient intérêt. Une autre tradition qui permettait aux aristocrates les plus proches du pouvoir de rappeler leur statut. Bien qu'il l'eut fait avec un air faussement humble, Cuddy tint ainsi une conversation avec la reine durant plus de cinq minutes, s'attirant les foudres de certains et l'admiration de la plupart. Frivole, la souveraine ne s'attarda guère sur les groupes d'artistes, lesquels n'étaient que pâle figure comparés à Erwan Sant aujourd'hui, et se dirigea droit vers celle qui était indéniablement, du moins après elle, la plus belle créature de cette assemblée. Sur son passage, tous s'inclinèrent, et Ambre commença à en faire de même lorsqu'elles furent en face l'une de l'autre. Kaitlyn l'en empêcha.

-Je vous en prie Ambre, un être d'une telle beauté peut se tenir constamment à ma hauteur. Permettez donc que je vous observe.

Le silence s'était installé autour des deux femmes. Kaitlyn s'était mise à observer son interlocutrice sous tous les angles, et certains savaient ce que cela signifiait. Beaucoup lançaient des regards agrémentés d'une moue désolée à Erwan, qu'ils pensaient le mari d'Ambre. Kaitlyn posait ses mains sur le visage de la jeune femme, sur ses hanches, prenait ses cheveux entre son pouce et son index, tentait de détecter le moindre défaut. Et même ceux-ci l’embellissaient. Le tout dura deux petits minutes, et la reine se replaça face à la nouvelle noble, posant ses deux mains sur ses épaules dans un geste à la fois maternel et condescendant.

-Dites moi donc, Ambre Sant. Que diriez-vous d'une nouvelle promotion ?
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Erwan Sant

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MessageSujet: Re: Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II]   Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II] I_icon_minitimeVen 30 Mai - 16:03

Erwan conversait avec les artistes avec allégresse, lorsque ceux-ci s’interrompirent soudainement. Se retournant vers l’endroit qu’ils scrutaient d’un air désolé, le sculpteur vit la reine et sa sœur converser l’une avec l’autre. Le « fantôme » fut surpris de voir que malgré le fort intérêt que tous les hommes portaient à Ambre, c’était Kaitlyn II qui reluquait le plus la cadette Sant, se permettant des gestes qui défiaient la bienséance, même pour une reine.

- Que fait elle ? demanda Erwan à ses comparses, inquiet.
Sir Endar Delfe lui accorda un regard triste et lourd de sens. « La souveraine choisit une compagne de couche pour son mari… »

Le sang monta à la tête d’Erwan. Les pires dangers de la cour n’étaient donc pas ce que l’on remarquait du premier abord. Trop content de son entrevue avec la reine, le jeune homme n’avait pas anticipé un imprévu comme celui-ci. Il n’aurait pas du emmener sa sœur ici. Rouge de colère, il s’apprêtait à se diriger vers la monarque, prêt à s’opposer à ses désirs malsains, lorsque Delfe le retint par le bras.

- Vous ne feriez qu’aggravez votre cas, Erwan fit le vieil homme, paternellement. Votre sœur doit se débrouiller seule. De son comportement, je la crois assez fine pour pouvoir éviter ce problème

Désemparé, des larmes de rage impuissante coulant sur ses joues, le sculpteur s’affaissa. Il était responsable d’Ambre, et il ne pouvait la protéger. Delfe avait raison… S’opposer à la reine aurait été dangereusement stupide. Il se contenta d’observer la reine faire sa demande à Ambre, les poings serrés le long de son corps.

La dite sœur avait le même sentiment d’impuissance face à son interlocutrice. Les gestes de la reine, des plus indélicats et inappropriés la mettaient dans une grande gêne… Pourquoi se comportait-elle ainsi, de plus devant toute l’assemblée venue célébrer l’anoblissement de son frère ? Si il s’était agi d’une autre personne, noble ou pas, la jeune femme aurait déjà assené une gifle à l’impudente. Peut être même aurait-elle utilisé ses pouvoirs pour mettre un terme aux explorations inconvenantes que la dite personne effectuait sur son corps. Néanmoins, ici, cela aurait été probablement passible d’une exécution sommaire. Livide, Ambre avait le sentiment qu’on la traitait comme du bétail et fut soulagée lorsque la reine cessa de la reluquer avec insistance. Tentant de répondre le plus poliment possible, elle déclara, sans pour le moins deviner la raison de cette contemplation envers sa personne :

- Ma reine, vous avez déjà fait beaucoup d’honneur à mon frère aujourd’hui. Je n’aspire pas au pouvoir, et je suis satisfait de toute la générosité dont vous avez fait preuve. Qu’entendez-vous par une promotion ?
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Kharlène Pynt
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MessageSujet: Re: Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II]   Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II] I_icon_minitimeVen 30 Mai - 18:34

[Kaitlyn II ayant participé, j'emporte la moitié de l'xp de ce post]


Kharlène s'était faite toute petite dès l'entrée de la reine, tentant de ne pas se faire remarquer. La souveraine décrivait une courbe parfaitement circulaire pour s'adresser individuellement à chacun des convives, faisant ainsi le tour de la piste de danse encore vide. La jeune portraitiste s'était ainsi placée de façon à qu'elle soit la dernière à devoir y passer. Lorsque la maîtresse de cérémonie discuta avec Cuddy, elle le vit la désigner et se tourner vers elle, attirant irrémédiablement le regard des deux interlocuteurs, mais rien ne sembla s'ensuivre. Presque soulagée, l'adolescente se détendit jusqu'à que Kaitlyn se stoppe finalement en face de cette jeune femme rencontrée quelques instants auparavant. L'assemblée se figea pour observer la scène, consciente de l'enjeu. Grâce à la récente conversation avec Fride, Kharlène comprenait parfaitement de quoi il en ressortait et ne savait qu'en penser sur l'instant. La sœur d'Erwan n'avait pas intérêt à refuser, et était peut-être même enchantée par une telle opportunité. Elle tentait de s'en convaincre sans réellement parvenir à y croire. La réponse de la nouvelle noble en fit tiquer plus d'un. La reine n'allait pas s'en satisfaire, pour sûr. Nul n'était enclin à réagir, à prendre la défense de l’innommée. Un aristocrate retenait même Erwan, à juste titre. Une opposition de sa part aurait été particulièrement inappropriée et n'aurait pu que lui causer du tort, à lui comme à sa fratrie. Une idée traversa alors l'esprit de l'altératrice, ce qui ne manqua pas de la surprendre. Elle fit un pas en direction de la reine avant de sentir la main puissante de Fride la retenir. D'un échange silencieux, la conclusion fut tirée : la sous-officière aurait voulu la retenir, aurait eu raison de le faire, mais ne pouvait s'opposer à la volonté d'une duchesse. Et Kharlène n'était pas prête de changer d'avis. Déterminée, elle rejoignit le duo sous les regards ébahis de la foule, en prenant soin d'éviter celui de Cuddy. Bientôt, elle se tint près de celle dont elle avait cru comprendre que le prénom était Ambre, face à la dirigeante suprême du peuple Tarkin.

-Ma reine, fit-elle en s'inclinant bas. C'est un honneur de vous rencontrer.

La dite souveraine, qui s'apprêtait énoncer quelque réponse à l'adresse d'Ambre, ne cacha pas sa surprise due à l'intervention inattendue de cette fille. Une Pynt. Le collectionneur lui avait succinctement parlé d'elle, il y avait de cela une paire de minutes. Elle commençait à se faire, sans doute à son insu, une petite réputation au sein du second district. Ses talents étaient appréciés, demandés. D'ici peu, elle finirait à la cour, pour peu qu'elle en ait les épaules. La troisième née de Cuddy Hoban. Sa petite altératrice, et sans doute l'une de ses pièces préférées. On lui avait dit qu'elle avait un caractère pour le moins étrange. De quoi souffrait-elle, déjà ? Un trouble de l'attention quelconque, à moins que ce ne soit une douce folie. Quelque chose s'y apparentant, en tout cas. Et il fallait au moins cela pour justifier qu'elle coupe court sa conversation avec la magnifique sœur du talentueux Erwan Sant. D'autres auraient été mis à mort pour cela. Kaitlyn préféra s'en amuser. Elle ricana avec une condescendance horripilante en toisant les invités, qui s'empressèrent de joindre à ses moqueries sans réellement les comprendre.

-Paraît-il que vos indélicatesse sont excusables, mademoiselle...Pynt , est-ce cela ?

-Mes indélicatesses, ma reine ? relança Kharlène en mimant parfaitement l'air ahuri qui était habituellement le sien.

-J'étais en conversation avec la demoiselle que voici. Couper les adultes n'est pas poli, jeune fille.

Un homme de petite taille et à l’embonpoint imposant, vicomte de son état, éclata d'un rire sonore qui invita ses confrères à le rejoindre, sous couvert d'un début d'humiliation. Il était évident que Kharlène était plus proche de l'âge adulte que de l'enfance, mais la noblesse agissait ainsi. Pour peu qu'elle se sente offensée, elle offensait en retour, privilégiant la langue acérée aux armes létales. Peu importait la qualité des propos de la reine, celle-ci était intouchable et provoquait une hilarité feinte coup sur coup. Ceux qui avaient déjà vu Kaitlyn rétorquer savaient, en outre, qu'elle ne faisait que commencer. Cette dernière contempla tour à tour les deux jeunes femmes, dont la cadette rougissait sans avoir à se forcer. Elle qui n'appréciait pas les prises de parole était servie, mais elle savait à quoi s'attendre lorsqu'elle avait pris cette décision. Restait à espérer que Marelyn Kanabeth Kethenson, ou du moins sa doublure, se plaise suffisamment à jouter pour en oublier, ne serait-ce que momentanément, de poser ses pattes répugnantes sur la proie innocente qu'était Ambre. Pour la forme, Kharlène s'inclina une nouvelle fois, mais on ne lui laissa pas le temps de faire couler le flot des excuses enjolivées.

-Je suis tout du moins satisfaite de votre présence ici, mademoiselle Pynt. Vous mettez en valeur la beauté de votre voisine.

Des murmures volontairement exagérés s'élevèrent, formant un bruit de fond particulièrement désagréable. Kharlène baissa les yeux, ravalant une fierté qui était de toute manière déjà mise à mal depuis longtemps. Ce n'était pas la première fois qu'on critiquait ouvertement son physique, et à force, elle était parvenue à prendre sur elle. Qu'ils se moquent donc, si cela pouvait les distraire. Comme pour mettre en exergue la valeur de ce compliment, Kaitlyn lança tour à tour un regard à Ambre et Erwan, qui n'eurent guère d'autre choix que de la remercier silencieusement. La dessinatrice était à présent plus agacée que gênée et attendait la suite sans ciller. Cela ne tarda pas.

-On m'a dit que vous aimiez les insectes, jeune fille.

Kharlène fut surprise que son interlocutrice en sache autant sur elle, mais opina sans mot dire.

-Voilà comparaison qui devrait alors vous seoir : un papillon, magnifique qu'il est, ne sera qu'embelli auprès d'un cafard.

Les rires cédèrent leurs places aux applaudissements, aux félicitations pour la pauvreté de la métaphore. Cuddy, qui se conformait à la masse avec un pincement au cœur, sentit cette fois-ci l'inquiétude le gagner. Kaitlyn s'amusait jusque là, remettait en place un enfant avec cruauté mais sans en devenir dangereuse. Mais son ton avait changé lors de ses tout derniers mots. La complaisance était devenue dédain, voire colère. Le collectionneur ne se doutait pas un seul instant que sa protégée puisse avoir interrompu la reine volontairement et était prêt à prendre sa défense en espérant ne pas avoir à le faire. Même lui n'était pas intouchable, il le savait. Bientôt, les rires s’interrompirent pour laisser place à un silence gêné de la part de certains, solennel pour d'autres. L'expression de la souveraine avait changé, empruntait un air impétueux et hautain. Elle fixait Kharlène avec une dureté qui jurait avec son sourire bienveillant exhibé en toute autre circonstance. Mais ce fut, à l'étonnement général, vers Cuddy que Kaitlyn se tourna finalement.

-Duc  Hoban ?

Celui-ci sortit du rang, s’inclina en ôtant son haut-de-forme comme le voulait la coutume.

-Oui ma reine ?

-J'apprécie votre collection, elle ne cesse de m'émerveiller. Mais voilà un mauvais investissement. On m'avait narré les exploits sociaux de Kharlène Pynt, et ses enfantillages manquent de renouvellement.

Cuddy devait se retenir de grimacer, sachant parfaitement que la sentence allait tomber et serait dure. Très dure. De l'autre côté de la salle, Fride contenait difficilement la rage qui l'habitait, tant à l'encontre de ce patin qui se prenait pour un souverain qu'envers elle-même. Elle aurait du empêcher Kharlène d'y aller, qu'y aurait-elle risquée après tout ? Ni Cuddy ni la gamine ne lui en auraient voulu. Au pire des cas, elle aurait subi les réprimandes de la pseudo-reine et aurait été la risée de la cérémonie. On aurait dit d'elle que son échec quotidien la poussait à se lier d'affection avec cette jeune fille qu'elle connaissait à peine, ou bien qu'elle était culottée de brusquer une noble. Et après ? Le pire aurait été une corvée supplémentaire. Elle y était habituée. Sur l'instant, elle se sentait bête, mais savait qu'elle ne pouvait agir. Elle aimait Kharlène et Cuddy, mais s'aimait plus encore. Elle ne risquerait pas sa tête pour eux. L'adolescente était soudain inquiète. Son plan improvisé ne se déroulait pas du tout comme prévu. Pire encore, elle risquait de mettre le collectionneur dans une position délicate. Ses yeux le cherchèrent désespérément sans parvenir à attirer son attention, occupé qu'il était à se confronter silencieusement avec la reine. Les murmures remontaient crescendo, et un sobriquet moqueur commençait à émerger : « Le Cafard ». Avec toute l’éloquence gracieuse dont il était capable, Cuddy eut le courage de répondre, ce que peu se seraient permis.

-Je plaide coupable en cela, ma reine. Je vous implore de bien vouloir l'excuser, et vous promet de me charger personnellement de redresser cet enfant.

-Pas un seul instant je ne doute de la sincérité de vos propos, duc. Vous avez toujours été un précieux allié de la couronne, un homme de grande culture et de confiance. Peu à Néo-Utopia peuvent se targuer d'avoir autant de qualités que vous.

L'ambiance perdit quelque peu en tension. Les mots de Cuddy étaient peut-être parvenus à l'atteindre et la tempérer, contre toute attente. Ses alliés, inspirés par son audace, tentèrent de le soutenir en lançant, timidement, quelques sentences encourageantes. « Un maître à penser », disait une jeune femme. « Aucun ami n'est plus fidèle », affirmait un vieillard sur le déclin mais encore élégant. « Portons donc un toast », proposait un inconnu dans la foule, assez fort pour être entendu. Ces derniers mots vinrent jusqu'aux oreilles de la souveraine, dont le visage avait retrouvé la douceur habituelle. Elle prit une nouvelle fois la parole.

-Vos propos sont véridiques, et notre ami aura son hommage. C'est au nom de tous ces éloges mérités que la tête de...votre fille...est encore sur ses épaules.

Kaitlyn demanda le silence sans que cela ne soit nécessaire : tous l'avaient déjà fait. Tous avaient senti les injures sur le bout de la langue de la souveraine en plein milieu de sa phrase. Rares étaient les fois où la reine haïssait quelqu'un. Mais il était des occasions durant lesquelles il ne fallait pas la déranger. Elle avait découvert l'être de beauté qu'elle recherchait depuis des années pour devenir la porteuse de son enfant parfait, et un être indésirable était venu noircir ce tableau. On ne jouait pas avec la bienséance sans y perdre des plumes à Eden. Le peuple devait en rester conscient. Marelyn se tourna vers l'adolescente, qui ne parvenait à retenir ses tremblements. Rien ne lui faisait réellement peur depuis qu'elle avait vu les yeux du démon, mais cette femme dégageait une aura bien plus imposante encore. Elle était à la tête du plus grand peuple d'Ubhara, des derniers hommes. Des Tarkins. Elle ne pouvait se laisser faire par un cafard.

-De par votre condition du duchesse, Kharlène Pynt, vous aurez la vie sauve. Votre comportement jette toutefois le déshonneur sur votre famille et sur vous-même. De ce fait, je vous bannis de la cour et vous retire tous vos titres. Que le Major Nowborn se présente !

De stupeur, Kharlène ne parvenait plus à réfléchir. Venait-elle réellement d'être...bannie ? Sans titre ou droit d'affiliation, elle ne pouvait vivre dans le second district, mais elle n'avait jamais rien connu d'autre. Qu'irait-elle donc faire dans les bas-fonds de la cité souterraine ? Comment pourrait-elle subsister auprès des roturiers, elle qui n'avait aucun autre talent que le crayon ? Elle doutait fortement que les pauvres gens s'intéressent à des portraits. Et là n'était de toute manière pas le problème ! Elle n'avait jamais aimé Cuddy, ni les Pynt, mais ils étaient sa famille, quoiqu'elle puisse en dire. Elle avait grandi auprès d'eux, avait appris tout ce qu'elle savait. On lui avait répété qu'il lui fallait continuer d'être ce qu'elle était, que sa différence la rendrait appréciable, qu'on l'aimerait pour cela. En quelques minutes, sa vie s'écroulait, pour un incident aussi risible ? Où était la justice là-dedans ? Cette décision faisait-elle seulement le moindre sens ? L'adolescente ne vit pas Fride s'approcher d'elle, et n'entendit pas les ordres que la reine lui glissa à l'oreille. Une appréhension évidente sur le visage, la sous-officière posa une main sur l'épaule de Kharlène et s'approcha d'elle, jusqu’à poser sa seconde paume sur sa paupière droite. La douleur fut fulgurante, semblable à des centaines de minuscules épines s'enfonçant dans son iris. L'altératrice tomba immédiatement à genoux en hurlant de douleur. Cuddy, quelques mètres plus loin, serrait poings et mâchoire en se retenant d'agir, conscient qu'il ne pouvait rien faire de plus. Les quelques commentaires dépréciateurs étaient noyés dans la foule des acclamations. De toute part, on félicitait la reine pour ne pas s'être laissée marcher sur les pieds. La voix de la monarque surpassa celle des convives.

-Kharlène Pynt, je te retire le nom que Cuddy Hoban a eu la générosité de t'accorder. En signe de pénitence, tu vivras éborgnée jusqu'à la fin de tes jours. Major, emmenez-la hors de ma vue.

Fride se pencha vers son élève pour l'aider à se redresser, lui glissant qu'elle était navrée le plus sincèrement du monde, mais Kharlène ne l'entendait plus. Elle pleurait, de douleur et de dépit. Les portes se fermèrent bientôt derrière la sous-officière et le Cafard, tandis que la musique reprenait et que la reine s'avançait vers Cuddy.

-M'accorderez-vous cette danse, cher ami ?

Détourner le regard. Partir en claquant la porte, révéler l'identité de la fausse reine, la faire assassiner, lui coller son poing en pleine figure, y cracher. Rester stoïque, haineux, le lui faire comprendre. L'humilier verbalement, fomenter une révolution. Cuddy pouvait faire tout cela. Cuddy ne fit rien de tout cela. Avec un sourire forcé mais aux courbes naturelles, il prit la main que lui tendait la souveraine, et lui répondit avec un ton mielleux.

-Ce sera un immense plaisir.

Ainsi débuta le bal.
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Erwan Sant

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MessageSujet: Re: Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II]   Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II] I_icon_minitimeLun 2 Juin - 23:29

Décontenancé par la tournure des évènements, Erwan dévisagea la jeune fille qui venait noblement de se sacrifier pour conserver la vertu de sa sœur. Les répercutions de ses actes avaient été terribles. La gamine allait se retrouver seule dans le quatrième district, sans famille et sans la moindre idée de la manière dont il fallait survivre en ce sombre lieu… La monarque lunatique montrait à la perfection qu’elle était capable dans le même jour de faire chuter les duchesses et d’exhausser les vœux des miséreux. Le sculpteur ne parvenait plus à avoir un avis sur Kaitlyn. Il s’agissait bien sur d’une femme dangereuse, de par le simple fait de son statut, mais elle se révélait aussi d’une certaine cruauté à la perversité sans bornes. Jamais il ne tournerait le dos à cette femme, Erwan s’en fit le serment.

Ambre était dévastée. Elle avait attiré le malheur sur une pauvre enfant, qui de plus semblait être la seule personne honnête dans cette assemblée de dupes. Cette journée qui avait commencée merveilleusement bien se poursuivait de manière tragique. Néanmoins, la jeune femme prit la résolution de tout faire pour aider l’enfant qui avait sauvé son honneur. Serrant le poing, elle regarda en direction d’Erwan. Ils avaient le même regard d’impuissance. Les couples de danseurs commençaient à s’assembler. Voulant à tout prix éviter le contact avec une quelconque autre personne que son frère, elle se hâta en sa direction. Tentant de manière convenable de paraitre ravis du petit évènement organisé en leur honneur, ils se donnèrent en spectacle devant les nobles présents, démontrant que malgré leurs origines, ils savaient briller en société. Erwan comptait beaucoup sur sa sœur, en cela, mais il parvint à obtenir un résultat correct. Tout en faisant un sourire forcé, il demanda à Ambre ce qui s’était passé. La jeune femme confirma ses pensées, ce qui lui fit perdre un sourire déjà peu convaincant.

- Nous devons aider cette pauvre fille murmura Ambre, l’intonation vibrante de sa voix dévoilant la colère qui l’animait.
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MessageSujet: Re: Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II]   Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II] I_icon_minitimeLun 2 Juin - 23:38

Pour les posts depuis le dernier don d'expérience, Erwan emporte 154xp !
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MessageSujet: Re: Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II]   Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II] I_icon_minitimeMar 3 Juin - 12:44

Kharlène s'était débattue sans entrain, ne sachant où donner de la tête. Ses mains vacillaient, rejoignaient tantôt son œil douloureux, puis le bras musculeux de Fride, décidée à ne pas relâcher sa poigne malgré ses complaintes. Les images paraissaient floues à l'adolescente dont le seul organe oculaire valide se retrouvait embué de larmes. Elle parvint toutefois à comprendre qu'elles passaient plusieurs couloirs et se dirigeaient vers la sortie du palais, ce qui fut bientôt confirmé par le son caractéristique de l'ouverture des immenses portes d'Eden. La sous-officière l'emmenait vers les rues avoisinantes, ne se préoccupant guère de la ménager, n'hésitant pas à lui faire presser le pas si nécessaire. N'ayant pas encore trouvé de dépositaire, la colère de Kharlène se redirigea vers la seule personne avoisinante. Ses doigts se glissèrent sous sa robe, empoignèrent le manche du couteau, mais n'eurent que le temps de le défourailler. Fride venait de plaquer la déchue contre un mur, sans la violenter mais avec suffisamment de virulence pour lui couper le souffle un instant et lui faire lâcher son arme, la laissant choir à terre. L'adolescente eut beau jouer des épaules, rien n'y fit, elle ne put se dégager. La soldate criait son nom, essayait de capter son regard, mais sa jeune disciple faisait tout son possible pour se couper de cette réalité douloureuse. Paupières clauses, mains posées sur les oreilles, elle entreprit de se recroqueviller, ne tenant debout que grâce à Fride qui ne tarda pas à la laisser se rouler en boule à même le sol. S'accroupissant, la grande rousse approcha une main qu'elle voulait amicale, et qui fut repoussée avec violence.

-Ne me touche pas ! cria Kharlène sans ouvrir les yeux.

Fride n'insista pas mais commençait à s'agacer. Elle voulait bien faire tout son possible pour venir en aide à la fille de Cuddy ; encore fallait-il que celle-ci se montre un tant soit peu coopérative.

-Arrête d'agir comme une môme. Regarde-moi !

-Avec quoi ? L'œil que tu m'as démoli ?!

La réponse avait fusée, entre deux sanglots que la souffrance physique seule ne justifiait pas. Ces larmes, Fride les connaissait bien. Elles étaient issus de la rage, de la frustration, des regrets et du dépit. Kharlène avait prit des risques inconsidérés et n'auraient en aucun cas pu prévoir que la réaction de la reine serait aussi dure. Elle avait perdu. Il n'y avait pas de retour en arrière possible. Pour autant, se morfondre n'emmenait à rien. Quant à cet œil...

-Il est pas démoli, idiote. Tu crois que je suis un pantin stupide ? Tu vas rien y voir pendant quelques jours, mais ça reviendra.

La nouvelle suffit à se faire redresser l'altératrice, qui se avait soudainement mauvaise conscience. Quelques jours plus tôt, elle avait trouvée en Fride une personne de confiance, et en venait désormais à la haïr alors qu'elle n'était pour rien dans cette déconvenue. Ce fut pourtant avec la même haine que l'adolescente s'exprima, trouvant matière à adresser un reproche à son professeur.

-Si on l'apprend tu vas te faire tuer !

-Eh bah ils l'apprendront pas alors ! Fais voir ton œil.

Dans la mesure du possible, Kharlène eut un mouvement de recul. Quelle était l'idée ? L'éborgner pour de bon ? Fride leva les yeux au ciel.

-Je vais changer la couleur, expliqua-t-elle. Ton iris sera dépigmenté.

Kharlène demeurait méfiante, mais n'avait plus rien à perdre. Elle ouvrit enfin l'œil qu'elle gardait fermé depuis l'incident, et laissa son interlocutrice y déposer la paume de sa main. Elle eut un haut-le-cœur au moment où la tâche fut exécutée, et sentit d'autres sanglots approcher. Bribe par bribe, elle réalisait ce qui l'attendait. Plus jamais elle ne reverrait l'orphelinat. Elle n'aurait pas l'occasion de dire adieu à Cuddy, ni même de revenir dans le second district. Impossible également d’honorer la promesse faire à Tobias. Un jeune noble comme lui ne devait en aucun cas fréquenter une déchue. Une déchue...comment parvenir à y croire ? Le quatrième l'attendait, avec son lot d'insalubrité, de violence, d'ennui. Là-bas, on haïssait les nobles. Que diraient les roturiers en voyant errer une duchesse ? Compatiraient-ils à son malheur ou se moqueraient-ils avec allégresse ? Elle aurait à l'endurer, seule. Elle qui avait toujours réprimé toute compagnie craignait aujourd'hui d'en manquer cruellement. Son regard se figea dans celui de sa seule alliée tandis que les larmes commençaient à couler sur ses joues. Elle la laissa cette fois-ci poser une main sur son épaule, et s'engouffra dans ses bras. Avec maladresse mais affection, Fride prolongea son étreinte jusqu'à qu'elle retrouve son calme. Il fallut plusieurs minutes avant que le silence soit brisé.

-Qu'est-ce que je vais faire ? demanda Kharlène, la voix étouffée.

-Tu connais quelqu'un en bordure ?

-Non...

-Alors je vais t'emmener chez ma mère.

Fride avait entrevu cette solution dès le premier instant, et elle lui semblait être la meilleure en attendant de trouver autre chose, si tant est qu'il soit possible de trouver autre chose. Ancienne amante du roi, Annabelle Nowborn avait connu un parcours relativement similaire, en somme, à celui de Kharlène : accès aux hautes sphères de la société, puis bannissement définitif. La soldate savait en outre que sa mère était quelqu'un de bien. Rude, certes, mais emplie de bonne volonté. Elle parviendrait sans doute à réhabiliter la jeune altératrice. Fride décida qu'il était temps de se mettre en marche. Elle tenta de dégager l'adolescente, qui resserra ses bras autour de sa taille plutôt que de se laisser faire. Tant mieux si elle parvenait à oublier un instant ses maux, mais ce n'était pas le moment idéale. Sans lui demander son consentement, Fride détacha son élève de force, se releva, et lui tendit une main pour la redresser à son tour.

-Viens, on pars. Je doute qu'on te laisse traîner ici bien longtemps. On va passer par l'orphelinat pour récupérer quelques affaires.

-J'ai rien à récupérer, bougonna l'adolescente.

-Rien à faire. Si tu vas dans le quatrième fringuée comme ça, tu vas te faire dépouiller, ou pire.

-Il faut savoir, je croyais que j'étais laide, rétorqua Kharlène, faisait fi d'un cynisme qu'elle savait déplacé.

Le ton fit tiquer Fride, qui s'agaçait de plus en plus.

-Et moi je te croyais assez intelligente pour ne pas écouter la reine. Si tu veux te faire violer c'est ton affaire, mais tu vas d'abord faire ce que je te dis, pour que j'ai pas ça sur la conscience si jamais ça arrive.

Un sourire carnassier se peignit sur le visage de Kharlène, qui dévisageait Fride, amusée.

-C'est juste pour toi, donc...

La réaction fut sans appel. Le bras de la sous-officière dessina une courbe fulgurante, et la paume ouverte de sa main vint rencontrer la joue de l'adolescente. Celle-ci se retrouva sur les fesses, ébahie. Fride se baissa pour ramasser le couteau tombé quelques instants auparavant, le replaça dans son fourreau, releva Kharlène sans attendre qu'elle se remette et la traîna jusqu'à la station la plus proche. Plus un mot ne fut prononcé. La jeune altératrice avançait les yeux baissés, honteuse mais trop fière pour faire face à sa bêtise. Tout cela ne lui ressemblait guère. Jamais elle ne se serait permise de manquer de respect à qui que ce soit, encore moins à une personne qu'elle appréciait et qui lui voulait du bien. Elle avait l'impression de perdre les pédales. Ensemble, elles descendirent les marches de la station du second district, marchèrent jusqu'à l'orphelinat, le tout dans une ambiance délétère. Équipée de son imposante armure, les traits fermés, Fride en venait presque à effrayer les aristocrates qui croisaient leur chemin. La soldate se stoppa devant la porte du bâtiment.

-Prends ce dont t'as besoin, et dépêches-toi, ordonna-t-elle.

Kharlène acquiesça, déverrouilla la porte, et se tourna vers son professeur avant d'entrer. Elle lui devait des excuses. Mais alors qu'elle s'apprêtait à les lui formuler, Fride la pressa d'aller faire son baluchon. Ce serait pour une autre fois. L'adolescente monta en hâte les escaliers, ne répondant pas aux interrogations d'un Pynt qui s'étonnait de la voir rentrer si tôt et sans Cuddy. Elle pénétra dans sa chambre et ordonna aux deux enfants qui s'y trouvaient d'en sortir. Surpris de la voir aussi autoritaire, ils ne contestèrent pas. Sans la moindre hésitation, la fille du collectionneur enfila sa tenue habituelle : pantalon large aux nombreuses poches, bottes sanglées, et une veste sombre à capuche d'une relative élégance. Il fut plus compliqué, en revanche, de faire la part des choses lorsque vint le moment de fourrer le maximum de choses dans son sac. Elle voulut tout d'abord prendre le maximum de papier et tout son matériel de dessin, mais la raison l'emporta. Les loisirs devaient être laissés derrière. Elle aurait de toute manière fini par manquer de papier une fois là-bas, alors autant couper court. Kharlène ôta l'élastique qui maintenait ses cheveux, rabattit ses lunettes sur ses yeux, et redescendit sans mot dire. Elle évita de s'arrêter, peu désireuse de conserver de fraîches images de sa demeure en tête. La nostalgie ne lui serait d'aucune aide. Fride l'attendait à l'endroit même où elle l'avait laissé.

-Alors ? T'as fais tes adieux ?

L'adolescente eut l'envie de se retourner pour observer la façade, mais s'abstint.

-Non. Allons y.

Fride apprécia le choix, et elles repartirent toute deux. Kharlène allait pour la première fois passer le troisième mur. Un aller sans retour.




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Pranan
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MessageSujet: Re: Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II]   Sculpteur le matin, noble passé midi [Avec Kharlène Pynt, Kaitlyn II] I_icon_minitimeMar 3 Juin - 18:17

Pour son acte téméraire mais généreux, pour l'étoffement du contexte Tarkinois, ainsi que pour le drame vécue par la jeune fille, Kharlène gagne 323 points d'expériences, auxquels j'ajoute 50 points à la subjectivité avouée pour les raisons citées précédemment, ainsi que pour un topic au dénouement des plus surprenants.

La duchesse déchue passe donc -si mes calculs sont bons et que la fiche personnage est à jour- au niveau 5, avec 266 points d'expériences.

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