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 L'affamé [Ouvert]

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Kharlène Pynt
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MessageSujet: L'affamé [Ouvert]   L'affamé [Ouvert] I_icon_minitimeJeu 8 Mai - 16:31

Volutes ombrageux. À ses pieds, sous ses épaules. Ils formaient un agréable coussin pour soutenir sa nuque, la portaient, l'emmenaient loin. Kharlène se sentait léviter. On l'emportait contre son gré vers une antre qui ne lui inspirait que de l'effroi, pourtant elle ne se débattait pas. La caresse de l'ombre était plutôt agréable, après tout. Plus qu'une simple brume obscure, elle formait une entité à laquelle on pouvait presque attribuer une existence, une conscience propre. Une vie. Et cet être s'éparpillait, se regroupait, se mouvait pour lui ouvrir une voie toute tracée qu'elle n'avait plus qu'à suivre, poussée par ce mystérieux compagnon. Où qu'elle regarde, tout n'était que voile opaque autour d'elle. Impossible de discerner la moindre source de lumière, de deviner le moindre détail. Un doute planait sur une éventuelle cécité. Réflexe machinal, l'adolescente tenta de rabaisser ses lunettes, en vain. Ses membres ne répondaient pas. Comme toujours. Combien de temps dura le voyage ? Des heures, sans doute. Elle avait l'impression de comater. Tantôt elle s'assoupissait, plus elle rouvrait les yeux pour s'essayer à un constat de leur avancée. Mais rien n'y fit. Le contact enjôleur de ces filaments sombres qui se glissait sous sa peau la maintenait dans sa torpeur. Elle les répugnait et les désirait, s'accrochait désespérément à sa raison qui lui criait de ne pas sombrer. Puis ils apparurent. Les yeux. L'ombre la redressa, la força à regarder. Et ces globes oculaires sans iris s'approchèrent, accélérant, jusqu'à entrer en contact avec les siens tandis qu'elle esquissait un hurlement de terreur.

Kharlène se réveilla en sursaut, couverte de sueur. Encore ce cauchemar. Toutes ces sensations lui semblaient pourtant si réelle ! Mais à chaque fois, elle se redressait d'un coup sec, reprenait son souffle, puis se sentait nauséeuse. Il lui fallait une bonne demi-heure pour reprendre pied, temps qu'elle passait principalement à vomir et s'asperger d'eau dans la salle de bain de l'orphelinat. Cette nuit, elle avait au moins la satisfaction de n'avoir tiré personne de son sommeil. Ses homologues ne le lui reprochaient pas directement, mais elle sentait à leur grommellement qu'ils se seraient bien passé d'elle une fois le soleil couché. L'était-il vraiment, d'ailleurs ? Le système horaire d'Ubhara avait été conservé lors de la descente des Tarkins vers Néo-Utopia, mais la possibilité d'une erreur n'était pas à exclure. La jeune fille repoussa ses cheveux vers l'arrière, et s'aida de ses lunettes posées sur le haut de son crâne pour les y maintenir. Elle se fixa dans le miroir fêlé qui ornait le mur, au-dessus du lavabo. Comme si c'était le moment de se poser ce genre de questions. Il y avait bien plus urgent à régler. De la main gauche, elle agrippa son poignet droit et le serra aussi fort qu'elle le put. Sa poing allait s'agrémenter d'acier, elle le sentait. De jour, elle maîtrisait parfaitement son altération ; pourtant à chaque réveil en sursaut, c'était la même chose. Elle se sentait sur le point de craquer, mais la douleur parvint à lui faire garder contenance. La désagréable sensation passa enfin, et elle soupira d'aise. Elle préférait mille fois ce sang qui suintait des plaies laissées par ses ongles que l’oppressante démence dans laquelle elle se sentait sombrer.

Un rouleau de tissu lui suffit à se faire un bandage simple, puis elle retourna vers la chambre qu'elle partageait avec quelques-uns des autres Pynt. Elle appréciait le contact du plancher lisse sous la plante de ses pieds, adorait sentir ses imperfections qui lui confirmaient qu'elle ne rêvait plus. Pâteuse, elle s'avança jusqu'à la porte entrouverte sans conviction, et s'y arrêta sans entrer. Avait-elle réellement envie de retourner s'allonger ? Il n'était pas encore cinq heures, et si elle se sentait fatiguée, la crainte de sombrer de nouveau surpassait l'envie de s'assoupir. Très largement. Elle descendit l'escalier qui séparait l'étage des pensionnaires du rez-de-chaussée où se trouvaient la salle commune et les pièces renfermant la collection de Cuddy. Sans doute allait-elle se lover dans l'un de ces fauteuils de cuir en se plongeant dans l'un de ces livres retrouvés à Oculus. Ce n'était pas ça qui manquait ici. Après avoir manqué de glisser dessus et de dégringoler les quelques marches qui lui restaient à traverser, la jeune fille retroussa le bas de son pantalon de lin qui lui servait de pyjama. Il était beaucoup trop long et large, mais elle ne supportait pas de se sentir serrée dans ses vêtements, encore moins lorsqu'elle était à l'orphelinat ; car malgré ce qu'elle pouvait penser de ce lieu, il constituait sa seule véritable demeure. En bas, Cuddy était installé derrière son large bureau. À la lueur d'un phosphèr qui faisait office de lanterne, il feuilletait un vieux journal. L'histoire du monde l'avait toujours intéressé. Il émergea de sa lecture pour lever ses yeux vers la nouvelle arrivante.
-Encore une insomnie, très chère ?

Un frottement nerveux du bras accompagna le hochement de tête approbateur de Kharlène. Elle connaissait Cuddy depuis des années maintenant. Depuis toujours, à vrai dire. Pourtant, si elle ne le détestait pas, elle ne pouvait l'apprécier pour autant. Pire encore, il faisait grandir en elle un malaise à chaque fois qu'il l'observait ou lui adressait la parole. Les lunettes bicolores trouvèrent bientôt une place devant ses yeux, les rendant presque invisibles. Elle ne se passait que difficilement de ce semblant de protection. Cuddy y était accoutumé et ne tiqua pas.

-Un thé ? fit-il en désignant sa propre tasse, encore fumante.

-Je veux bien.

Le sexagénaire alla chercher un autre récipient dans l'un des placards environnants, et versa la liquide depuis la théière déposée sur le bureau tandis que la jeune fille s'installait sur une chaise, en face. Kharlène posa ses deux mains sur la tasse, en profitant pour les réchauffer, puis porta ses lèvres au breuvage. Il était trop chaud à son goût, mais son contact brûlant à travers sa gorge lui faisait du bien. En outre, il fallait reconnaître à Cuddy un certain talent pour les infusions. Celle-ci avait bon goût. Sourire aux lèvres, le collectionneur passa une tige pourpre entre les deux pages auxquelles il s'était stoppé, puis referma son journal. Il but une gorgée à son tour.

-J'ai ton attention ?

Kharlène sentit le rouge lui monter au joue. Pourquoi une telle gène à chaque occurrence ? Elle hocha frénétiquement la tête une fois encore, plus pour se débarrasser de la question qu'autre chose. Mais l'effort devrait suivre. Si elle affirmait qu'elle serait attentive et qu'il s'avérait qu'elle ne l'était pas, Cuddy n'hésiterait sans doute pas à le lui reprocher. Pourtant il n'avait jamais fais une telle chose. Il l'avait toujours acceptée telle qu'elle l'était, avait toujours passé l'éponge sur ses indélicatesse ou son comportement qu'elle même savait étrange. Il lui demandait de participer aux taches ménagères et l'avait aidé à trouver un travail, mais ne la forçait jamais à faire quelque chose si elle n'en avait pas réellement envie. Malgré cela, quoi qu'il fasse ou ne fasse pas, elle continuait de ne voir que ses défauts, si bien qu'elle soupçonnait de les imaginer.

-De toute évidence, je ne l'ai pas, railla-t-il.

Cette fois-ci, elle en était certaine, elle devait être écarlate. Cuddy avait du lui parler, et elle n'avait strictement rien entendu alors qu'ils étaient à un mètre l'un de l'autre.

-Désolée...balbutia-t-elle.

-Ce n'est rien. Prend ton temps.

L'adolescente but une seconde gorgée de thé, souffla un coup. Elle tourna les yeux vers Cuddy, tenta de supporter son regard et, lorsque ce fut fait, remonta légèrement ses lunettes pour révéler ses iris. Il lui avait fallu plus de deux minutes. Laps de temps durant lequel Cuddy n'avait pas bronché. Kharlène était prête. Au prix d'efforts conséquents, elle parvenait à suivre une conversation de bout en bout, pour peu que celle-ci ne s'éternise pas. Pour ce faire, il fallait également que le sujet l'intéresse réellement, ou du moins qu'il soit suffisamment exceptionnel pour piquer sa curiosité. Or un tête à tête avec le dirigeant de l'orphelinat l'était.

-Tu te demandes peut-être pourquoi je suis levé à cette heure-ci ? questionna le vieil homme.

Non. Elle se contrefichait éperdument des activités nocturnes de son interlocuteur ; et quand bien même ce n'eut pas été le cas, elle estimait que ses petits secrets ne regardaient que lui. Mais mieux valait abonder dans son sens. Elle acquiesça en silence.

-Je me demande la même chose à ton propos, très chère. Tu m'es précieuse, tu sais. Ma petite altératrice. Rares sont ceux qui, contaminés si jeunes, parviennent à garder le contrôle. Mais tu es exceptionnelle, évidemment. Une perle rare.

C'est bien le seul à le penser, ne put s'empêcher de se morfondre l'adolescente, tout en se disant que rien ne prouvait son honnêteté. Cuddy parlait ainsi à tout le monde. Jamais un mot plus haut que l'autre, toujours des compliments. Il brossait dans le sens du poil pour obtenir ce qu'il désirait, et cela fonctionnait à merveille. Non ! Il fallait cesser de divaguer, ou elle allait encore perdre le fil. Le liquide brûlant fit une fois encore office de stimuli. Le collectionneur observait ses expressions faciales avec satisfaction. Au fil des années, il avait appris à la connaître parfaitement, et parvenait à anticiper ses pertes d'attention, du moins pour la plupart. Dès qu'elle fut recentrée, il continua.

-J'aime me lever avant Néo-Utopia, expliqua-t-il. J'aime venir ici, avoir un aperçu de ce qu'était notre monde, et me rendre compte qu'il me reste encore beaucoup à découvrir. Cela ne te passionne-t-il pas, très chère ? Nous sommes en train de remonter. Lentement, notre peuple retrouve sa terre.

Notre peuple, sa terre. De tels mots devaient parler à beaucoup, mais Kharlène ne se sentait nullement concerné. Elle ne savait rien de qui elle était. Son nom constituait sa seule identité. Pynt. Un sobriquet qui, à lui seul, prouvait justement qu'elle n'avait aucune identité. Elle ne se sentait pas Tarkin. Peu lui importait les ambitions des survivants, ou celles de la reine dont Cuddy admirait les moindres faits. Chaque jour, elle se levait en nage avec pour seul espoir d'oublier ce qu'elle avait vécu durant la nuit, puis elle sentait la fatigue grimper au fil des heures avec la boule au ventre. Difficile de se sentir concernée par quoi que ce soit lorsqu'une épée de Damoclès onirique menait la danse. Malgré ça, Kharlène ne ressentait aucun désarroi. Elle vivait, sans réelle saveur ni peine. Ce n'était pas satisfaisant, mais elle s'y était accoutumée.

-Et toi, très chère ? Pourquoi ne profites-tu pas de ces lits ? Rares sont ceux à pouvoir se vanter de dormir aussi bien que les Pynt, tu sais.

-Je fais des cauchemars.

-Oh ? Et que concernent-ils ?

-Ce n'est peut-être pas des cauchemar, en fait...

Cuddy remplit de nouveau sa tasse, curieux de voir où sa protégée allait en venir. Elle ne parlait pas souvent. C'étaient toujours de grands événements. Du regard, il la pressa de poursuivre.

-Je sens que c'est lui. Il m'envoie des signes. Je n'utilise pas l'altération, ça lui manque.

-En as-tu parlé à certains de tes semblables ?

Elle lui fit comprendre que non, même si la réponse était évidente aux yeux de Cuddy. Il pouvait difficilement imaginer Kharlène aller d'elle-même vers des inconnus, même si la situation était critique. Pour l'heure, elle ne l'était pas. Le collectionneur savait qu'un jour ou l’autre, l'altération emmènerait avec elle son lot de désagrément.

-Je connais nombre de mages. Certains officient dans la garde royale et seraient ravis de t'aider. La reine m'accordera sans doute cette faveur. Qu'en dis-tu ?

L'idée n’enchantait guère l'adolescente, mais ses insomnies récurrentes la dérangeaient plus encore. Soit, elle voulait bien faire l'effort.

-Bien. J'irais en parler au palais dès que possible. Occupes-toi en attendant. Fais-tu quelque chose aujourd'hui ?

Mais il était déjà trop tard : Cuddy avait perdu le peu d'attention que Kharlène lui accordait. Le regard vide, elle se balançait lentement sur sa chaise en se massant distraitement les orteils. Cuddy souriait. Une drôle de fille. Une très belle pièce de sa collection.
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Kharlène Pynt
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MessageSujet: Re: L'affamé [Ouvert]   L'affamé [Ouvert] I_icon_minitimeSam 10 Mai - 17:22

La cacophonie habituelle des moteurs et mécanismes des manufactures se répandait jusque dans les avenues pavées du second district. Aussi haut soit-il, le mur ne pouvait contenir cette mélopée grinçante, et nul ne venait s'en plaindre. Un tel déboire auditif était signe de la bonne santé de Néo-Utopia. À chaque coin de rue, des hommes richement vêtus discutaient, étalant leur savoir et crachant leurs critiques acerbes. D'autres fumaient de longues pipes, assis sur les bancs agrémentant les rares espaces de verdure de la cité. Un groupe de jeunes femmes en robe passa par là, le menton dressé, éventails à la main, se dirigeant vers la cour, très certainement pour tenter d'y attirer des regards dans un premier temps, puis les faveurs qui s'ensuivraient. Au milieu de ce surplus de distinction exacerbant, Kharlène faisait tâche. Les mains fourrées dans les profondes poches de son ample pantalon, capuche et lunettes rabattues, pochette sous le bras, elle avançait en regardant ses pieds, évitant au possible de se faire remarquer. Mais les Tarkins ne passaient pas à côté d'une fille comme elle sans la gratifier d'un regard soutenu. Sa démarche, les cheveux blancs qui dépassaient de sa capuche, ou même sa tenue, loin d'être ridicule mais très en deça du niveau d'exigence de l'aristocratie. Le message était communiqué aussi clairement qu'à l'aide d'un panneau à diodes clignotantes. Elle était une Pynt. Nul autre que l'un d'entre eux n'aurait pu être accepté par la noblesse dans un tel état.

Kharlène tentait de passer outre cette attention dont elle était trop souvent le centre à son goût, et y parvenait à vrai dire sans trop de difficulté tant y elle était accoutumée. Après sa discussion avec Cuddy, elle avait fini par retrouver le sommeil sur l'une des banquettes du salon. Le collectionneur ferait son possible pour trouver quelqu'un apte à l'aider dans les jours à venir. Avec sa liste de contact exorbitante, il n'y avait pas de doute à avoir quant au succès d'une telle recherche. Quant à elle, elle avait du travail. Nombre de riches gens s'essayaient à l'art sans réel succès, faute d'implication ou d'humilité, voire des deux dans la plupart des cas. Kharlène, elle, s'était découvert un talent pour le dessin, si bien que tout ce qu'elle griffonnait paraissait ancré dans le réel. De fait, sa réputation avait grandi, si bien qu'on faisait souvent appel à elle pour des portraits. On lui avait également commandé des peintures, mais elle avait finalement refusé, par désamour du pinceau, ce malgré l'insistance de Cuddy. Aujourd'hui, le travail lui prendrait une bonne partie de l'après-midi. L'homme qui l'avait demandée désirait non seulement une représentation de sa personne, mais souhaitait de plus être entouré de sa famille, soit sa femme et ses trois enfants. Kharlène n'aimait pas les enfants. Ils étaient bruyants, ingrats, et ne tenaient pas en place. À chaque fois que l'occasion se présentait, elle avait envie de les désembellir en grossissant leurs traits. Mais la raison finissait toujours par la rattraper : plus le travail était bien fait, plus elle était payée. L'argent ne faisait pas tout, certes, mais il jouait quand même beaucoup.

Après un quart d'heure de marche, l'adolescente parvint à l'adresse qu'on lui avait indiquée. Avant de frapper, elle découvrit son visage, de peur de manquer aux règles élémentaires de bienséance.On vint rapidement lui ouvrir. Il s'agissait de l'homme en question, un certain lord Rodrigue quelque chose. Une petite cinquantaine d'années, la tignasse grisonnante, il s'était habillé pour l'occasion et abordait fièrement moustache et favoris. Rondouillard, son embonpoint menaçait de faire s'entrouvrir une chemise de toute évidence trop étroite pour sa corpulence. Sans un mot, il retira son haut de forme en guise de salut puis invita Kharlène à entrer. Le plus discrètement possible, elle fit la moue. Cet homme ne lui plaisait guère. Il avait tout du nouveau bourgeois pédant, convaincu d'être le seul à bénéficier des faveurs de la cour. Sa modeste demeure indiquait pourtant qu'il faisait partie du bas du panier, mais pouvait-on réellement lui reprocher cette fierté presque infantile ? Elle ne l'avait pas vécu, mais la jeune Pynt avait eu vent des conditions de vies des roturiers. Ils devaient en avoir été eux aussi il n'y avait pas si longtemps. Kharlène fut guidée jusqu'à un vaste salon, où Rodrigue prit enfin la parole.

-J'aimerais que nous posions ici, devant cette cheminée.

La demande avait pus ordre d'interrogation que d'affirmation, ce qui ne manqua pas de surprendre Kharlène. Désirait-il être conseillé ? C'était bien la pemière fois qu'elle ne devait pas se contenter de reproduire une scène en silence, ce qui lui allait d'habitude à merveille.

-C'est possible, répondit-elle, sans trop savoir qu'ajouter.

Un bref silence s'installa, gênant, puis Rodrigue quitta la pièce pour aller chercher sa portée, laissant ainsi à l'adolescente le temps d'installer son matériel et d'étendre la feuille de papier sur laquelle elle allait officier. Un tel support était rare, elle en avait conscience, aussi faisait-elle son possible pour réussir ses œuvres du premier coup. Le papier habituel, lui, était de plus en plus commun, grâce à la récente colonisation d'Oculus. Mais celui qu'elle utilisait aujourd'hui était destiné à être encadré, traité, conservé longtemps. Les enfants entrèrent bientôt. Ils étaient trois garçons ; deux encore petits, apparemment jumeaux, puis un autre d'une vingtaine d'années, la peau laiteuse, les cheveux de jais tombant autour d'un visage fin et souriant. Un fin collier de barbe encadrait le tout, contrastant avec la pâleur de son épiderme. Comme ses frères et son paternel, il portait des vêtements de qualité moyenne, mais à l'inverse du reste de sa famille, cela lui allait bien. Le fait était que rien dans son attitude n'indiquait un quelconque orgueil, et cela faisait toute la différence. Son regard d'ébène croisa celui de leur invitée, qui s'empressa de retourner à son matériel. La femme de Rodrigue fit son entrée la minute suivante, et tout ce petit monde se tourna vers Kharlène. Ils attendaient qu'elle leur donne la marche à suivre, évidemment. S’exprimer en public ne lui avait jamais réellement causé de problème du moment qu'elle évitait d'entrer en contact oculaire avec ses interlocuteurs. Elle suivit cette stratégie une fois de plus.

-Je peux faire un portrait fidèle, ou vous proposer plusieurs choses...

Elle leur exposa alors plusieurs méthodes, plusieurs styles, et joignit toujours un dessin de sa composition à ses propos. Finalement, leur choix se porta sur un crayonné fin et évasif, qui embellissait à coup sûr en omettant les quelques défauts et en insistant sur les traits avantageux. Un classique. Tous voulaient paraître plus beau qu'ils ne l'étaient, après tout. Oubliant subitement cette bienséance qui l'obsédait quelques minutes auparavant, Kharlène plaça les verres teints de ses lunettes en face de ses iris, attendit que ses modèles prennent la pose sur laquelle ils s'étaient accordés, puis entama son œuvre. Les premières courbes, grossières, étaient presque invisibles à l'œil nu. Leur rôle était de détailler vaguement le contour de ce qui allait être les corps des cinq modèles, en respectant au mieux les proportions. Voyant que Rodrigue faisait son possible pour rentrer ce ventre qui dépassait irrémédiablement, Kharlène décida de réduire l'arc de cercle censé le retranscrire. Une fois cela fait, la jeune fille s'attaque aux visages, à son sens la partie la plus simple. Dessiner les enfants fut particulièrement aisé, plus encore quand arriva le tour de l'aîné. Les courbes de sa mâchoire, de son nez, de ses lèvres, étaient si parfaites qu'il n'y avait pas besoin de rectifier le tir. Une bonne heure et demi était déjà passée. Kharlène avait terminé ce qu'elle appelait le patron, et s'attardait à présent sur le relief et la couleur. Lorsqu'elle avait besoin d'un détail, elle demandait à voir de plus près le membre de la famille sur lequel elle planchait. Quand ils venaient, ils se penchaient vers le dessin en cours, ce qui avait don d'agacer l'adolescente. Elle ne pouvait en tout cas pas leur reprocher d'être avares en compliments. Vint le tour du premier de la fratrie, qu'elle avait gardé pour la fin. Même si son portrait n'avait pas encore adoptés ses couleurs, il brillait dores et déjà au milieu du tableau. Pourtant, l'adolescente s'était appliquée avec autant d'assiduité pour eux tous, mais indéniablement, la beauté naturelle ressortait avec éclat, quoique le crayon altère.

Quand le jeune homme arriva à la demande de l'artiste, elle était assise en tailleur, le dos courbé. Son nez touchait presque la feuille de papier étalée sur la table basse, tandis qu'elle se mordillait la lèvre inférieure en appliquant un dernier point sur la lèvre de Rodrigue, lequel venait par le fait d'être terminé. Kharlène se redressa et étira ses bras avant de secouer son poignet, non sans une grimace. Les entailles qu'elle s'était elle-même infligées ce matin la faisaient souffrir. Elles n'étaient pas prêtes de se fermer si elle continuait de les malmener ainsi, mais sa main droite était son outil de travail. Autant en finir au plus vite à présent plutôt que de se plaindre. L'adolescente se tourna vers le nouvel arrivant, se redressa et lui agrippa le bras. Surpris, il eut un mouvement de recul.

-Désolée, s'excusa Kharlène sans vraiment le penser. Il faut que je voie de plus près votre peau.

-Pas de souci. Mais demande avant la prochaine fois.

Le dernier modèle souleva sa manche pendant que la dessinatrice relevait légèrement ses lunettes. D'une main, elle approcha l'avant-bras qu'elle tenait fermement. De l'autre, elle soutint un brouillon sur lequel elle avait appliqué tous ses beiges. En comparant les deux, elle put trouver la nuance qui s'approchait le plus de l'épiderme qu'elle se devait de reproduire. Sans s'attarder, elle retourna à sa table basse et entreprit de terminer son œuvre. Le jeune homme, interloqué, s'accroupit suffisamment haut pour voir ce qu'elle faisait sans pour autant la déranger.

-Tu t'appelles Kharlène Pynt, c'est ça ?

L'intéressée ne répondit pas, occupée qu'elle était à conclure ce pourquoi elle s'était déplacée. Les journées de travail commençaient toujours ainsi lorsqu'il s'agissait de commandes précises. Motivée, elle se donnait corps et âme à ce qu'elle faisait. Puis, une fois qu'il ne manquait plus que les derniers détails, elle s’apitoyait quelque peu. Son dessin allait lui être enlevé. Elle avait passé toute l'après-midi à la faire, avait puisé dans toutes ses connaissances et son expérience du domaine, et s'en séparerait finalement. Non pas qu'elle fut possessive, mais...si, peut-être un petit peu.

-Moi, c'est Tobias Petit, continua-t-il. Tu sais, tu es un peu étrange.

Kharlène se stoppa. Était-ce un reproche qu'on lui adressait ? Et comment se faisait-il qu'il la tutoie, avant toute chose ? Elle se sentait mal à l'aise avec ce garçon, tout comme avec son père. Ou comme avec Cuddy, les aristocrates, et les enfants en règle générale. Elle soupira en se rendant compte que c'était tout simplement avec le genre humain qu'elle se sentait mal à l'aise. Mais ce n'était pas le genre de chose qui se disait.

-Vous êtes un peu étrange aussi, rétorqua-t-elle, à mi-chemin entre le cynisme et l'indifférence.

-Tu trouves ?

Elle avait souvent entendu ses homologues à l'orphelinat répondre à des questions rhétoriques par une ironie parfaitement maîtrisée mais à son sens puérile. Elle s'abstint et reprit son crayon en main.

-C'est le nom qui t'amuse ?

Désormais, c'en était terminé. Il n'y avait plus qu'à encadrer le dessin, opération en somme relativement simple et rapide. D'ici une dizaine de minutes, elle pourrait récolter sa paie et retourner auprès des Pynt.

-Non, de toute évidence, tu n'as pas l'air amusée.

Tobias demeura près d'elle jusqu'à que tout soit prêt et que Rodrigue soit de retour. Satisfait, le bonhomme cacha toutefois sa joie derrière une attitude presque dédaigneuse, et ce fut avec retenue qu'il tendit son bracelet à Kharlène, qui s'empressa de le faire entrer en contact avec le sien. L'adolescente referma sa veste, rabattit la capuche, puis s'engouffra dans les avenues de Néo-Utopia. Ce ne fut que quelques minutes plus tard qu'elle constata qu'elle avait oublié de répondre à son interlocuteur. Oui, son nom était amusant. Elle se stoppa, hésita un instant à y retourner, puis se rendit compte du ridicule de la situation. Qu'allait-elle bien pouvoir lui dire ? Qu'il lui arrivait d'oublier que pour qu'un son se forme, il fallait remuer les lèvres ? Elle passerait pour une folle, si ce n'était pas déjà fait. Tant pis. Kharlène disparut dans la cacophonie habituelle des moteurs et mécanismes des manufactures.
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Pranan
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MessageSujet: Re: L'affamé [Ouvert]   L'affamé [Ouvert] I_icon_minitimeSam 10 Mai - 20:07

Kharlène Pynt gagne 118+113 points d'XP suite à la libre expression de sa créativité.
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Kharlène Pynt
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MessageSujet: Re: L'affamé [Ouvert]   L'affamé [Ouvert] I_icon_minitimeJeu 15 Mai - 14:54

Journées vides, sans émotions, sans saveur. Nuits d'angoisse, nauséeuses, blanches. Depuis combien de temps déjà cela durait-il ? À quel moment la vie était-elle devenu néant, tantôt sombre, tantôt immaculée, constamment oppressante ? Kharlène ne se souvenait pas d'avoir jamais ressenti d'envie. Son existence était motivée par la seule crainte de la souffrance. L'espoir ne l'attirait pas ; elle se contentait d'éviter le désespoir. Mais il était temps de marquer un changement, de tourner une page, de devenir quelqu'un. Aujourd'hui, elle avait rendez-vous avec un certain Fried Nowborn. Il s'agissait, selon Cuddy, de « quelqu'un de confiance ». Sous officier de la garde royale, il avait obtenu une journée de libre pour pouvoir prendre en charge l'adolescente. Celle-ci était satisfaite d'apprendre que sa petite séance d’entraînement aurait lieu avec un homme. Elle ne méprisait pas les femmes, mais se passait volontiers de leur compagnie. Une fois encore, Kharlène se réveilla en sursaut très tôt le matin, et alla s'installer sur les divans du rez-de-chaussée après avoir vomi son dîner. Quand Cuddy se leva, elle n'était déjà plus là.

Comme d'accoutumée, elle portait sa veste à capuche et avançait en faisant en sorte de ne pas se faire remarquer. La station ferrée la plus proche se situait à quelques pas de l'orphelinat, aussi fut-elle bientôt à son pied. Il fallut grimper les interminables marches en colimaçon qui menaient jusqu'au quai de ce train suspendu, puis elle s'installa sur l'un des bancs de ferraille en fixant le vide qui s'étendait sous elle, à quelques mètres à peine. Elle avait déjà entendu parler d'accident dans les quartiers délaissés, concernant souvent des hommes ivres dont la démarche incertaine avait causé leur chute fatale. La seule imagination d'un tel drame suffisait à lui donner un vertige dont elle se serait bien passé compte tenu de l'état de son crâne à l'heure actuelle. Le premier train n'arriva qu'une demi-heure plus tard. Kharlène présenta son bracelet au maître-voyage, qui la laissa entrer. Elle avait l'autorisation pour passer le mur et accéder à la cour. Certains voyaient cela comme un privilège, mais elle n'aimait pas ce lieu. Il sentait l'hypocrisie et faisait l'apologie du faux-semblant. Comment, pour autant, en vouloir à ceux qui se pliaient au jeu ? Contenter la haute société était le seul moyen d'en faire partie un jour. Le cercle vicieux tournait. Bientôt, Kharlène mit pied au centre de Néo-Utopia. Devant elle se dressait un édifice monumental, chef d'œuvre des architectes Tarkins : Eden, le palais des rois. La reine elle-même y résidait. Un démesure somme toute de mauvais goût compte tenu des inégalités qui régissaient leur société, mais aussi et surtout une apologie à la monarchie taillée à même la roche. Là n'était pas sa destination. Fried avait fait libérer une salle d'arme pour leur séance de la matinée. Kharlène était déjà venue ici, et se souvenait vaguement qu'il lui fallait emprunter la grande avenue méridionale. À peine eut-elle fait un pas que l'on vint l'intercepter. Un homme de petite taille, à la barbe massive, les mains croisées dans le dos. Un sourire des moins francs déformait son visage, habitué aux moues réprobatrices.

-Kharlène Pynt, je présume ?

L'intéressée acquiesça sans ôter lunettes ou capuche. Respecter le politesse, soit, mais elle n'allait pas non plus faire d'effort pour des inconnus qui ne lui inspiraient qu'une indifférence teintée de dégoût.

-Le Duc Hoban m'a fait part de votre arrivée. Je vais vous mener à Nowborn. Suivez-moi donc.

On lui avait même prévu une escorte privée ? Cela ne ressemblait pas à Cuddy d'en faire autant, et elle s'en serait bien plainte. Si elle n'avait en soi rien contre un peu d'assistance, elle ne supportait pas qu'on la considère impotente, or elle connaissait tout à fait son chemin. Trop épuisée pour contester, elle se contenta de se laisser guider, sans un mot. Lorsque l'inconnu, à n'en pas douter un haut fonctionnaire, lui adressait la parole, elle ne lui répondait pas quand bien même elle l'entendait. Discuter ne l'intéressait pas le moins du monde à cet instant. Elle voulait en finir avec ces cauchemars et avec cette main droite qui la démangeait encore. Kharlène n'était pas couarde, voire plutôt brave, mais l'idée même de nourrir un démon qui finirait par éclore en la tuant la tétanisait. Hors de question de se laisser aller. Le quartier réservé aux militaires fit enfin son apparition. L'homme à la barbe proposa de continuer jusqu'à qu'elle n'ait plus qu'à franchir la porte, mais elle s'y opposa.

-Je peux trouver la salle douze, affirma-t-elle.

Contrarié par ces manières un peu rustres, l'interlocuteur se retint d'en faire la remarque. Il avait lutté des années durant pour pouvoir fouler le sol de la cour, avait du mettre de côté son honneur et son amour-propre, et découvrait à présent que, sous prétexte que leur nom était Pynt, une bande de gamins arrogants pouvaient s'y balader en toute impunité. C'était injuste. Mais il devait s'y faire et continuer de prétendre être quelqu'un d'autre.

-À votre guise, mademoiselle. Nous avons eu vent de votre exploit auprès de Rodrigue Petit. Il n'a pas hésité à nous faire part de sa satisfaction.

Voilà qui parvint à surprendre Kharlène. Cela faisait trois jours qu'elle avait peint ce portrait, sans en avoir aucun retour, ce qui ne l'avait guère inquiété, au contraire. Si personne n'en disait du mal, c'était que son travail avait été effectué à la perfection. Les petits nobles n'hésitaient pas à médire à la moindre erreur. Mais entendre des félicitations était pour le moins inattendu.

-De fait, continua-t-il, vous êtes conviées à un anoblissement, demain. Un jeune sculpteur remarqué par la reine en personne. Il lui est venu à l'idée que d'autres artistes conviendraient à servir de public pour cette cérémonie. Veillez à éviter les guenilles, mademoiselle Pynt.

Le fonctionnaire se mordit la lèvre, maudissant son impulsivité. Il venait presque de l'insulter, elle qui était la fille du Duc. Cela suffisait amplement pour un procès à la cour. Mais heureusement, cette adolescente ne semblait pas lui en tenir rigueur. Kharlène s'était contenté de confirmer sa présence, parfaitement conscience qu'elle n'avait pas loisir de refuser une telle invitation. L'homme à la barbe la laissa enfin seule, et elle termina son parcours. Trouver la douzième salle ne prit que quelques minutes supplémentaire tant ce quartier militaire était ergonomique. À dire vrai, avec ces chiffres gravés au-dessus des portes, même un enfant aurait pu s'y retrouver. Elle pénétra en silence dans le bâtiment. La pièce était spacieuse malgré ses murs épais. On trouvait ça et là des armes et du matériel de soin, ainsi que des mannequins de diverses envergures. Certains, haut de plusieurs mètres, représentaient certaines des créatures dont la présence avait été affirmée en surface. Au centre de la pièce se tenait une femme de grande taille, large d'épaule, les cheveux roux, courts. Elle portait une tenue d'entraînement typique des altérateurs. À sa seule posture, on pouvait deviner qu'elle était une redoutable combattante. Kharlène s'approcha.

-Je cherche Fried Nowborn, annonça-t-elle.

Un sourire illumina son visage, franc contrairement à celui du fonctionnaire.

-Ah, tu es la petite de Cuddy ! Je t'attendais, on va pouvoir commencer.

Kharlène fronça les sourcils. Premièrement car on la tutoyait, et ensuite car la personne qui lui faisait face n'était indubitablement pas l'homme dont on lui avait parlé.

-Qu'est-ce qu'il y a ? lui demanda l'imposante femme, constatant son étonnement.

-Vous n'êtes pas Fried Nowborn.

-Tiens donc ! Il ferait beau voir. Cuddy t'as pas dis à quoi je ressemblais ?

Évidemment. Son prénom était Fride et non Fried. Un détail que le collectionneur avait omis de lui préciser et qui, sur le coup, desservit la motivation déjà fébrile de Kharlène. Mais l'adolescente se souvint de la nuit qu'elle venait de passer, et de la promesse qu'elle s'était faite. Elle ne pouvait plus supporter de vivre ainsi. Vaincre son altération serait la première étape pour la reconquête d'elle-même.  Homme, femme, gamin ou géant, peu importe qui faisait office de professeur pourvu qu'il soit efficace. Et à en juger par son assurance, cette Fride appartenait à la catégorie des gens efficaces. Voyant que Kharlène ne répondait pas, la soldate prit de nouveau la parole. On l'avait prévenu que sa disciple risquait d'être très introvertie.

-Bon, pour commencer, tu vas enfiler ça.

Joignant le geste à la parole, elle lui jeta les composants d'une tenue similaire à la sienne : vaste pantalon serré au niveau de la taille et des mollets, haut à ceinture au col ample, et bottes légères. Kharlène les examina puis fixa Fride, qui attendait, bras croisés. La grande rouquine comprit enfin de quoi il était question et se retourna aussitôt. L'adolescente ne prit pas soin de la remercier mais n'en pensait pas moins. Elle ne se considérait pas trop rigide de ce point de vue, mais demeurait à cheval sur la pudeur. Une fois changée, elle se surprit à trouver ces vêtements confortables. Ils lui laissaient une parfaite liberté de mouvement. En revanche, ils s'avéraient trop léger pour la température matinale, et malgré l'épaisse structure du bâtiment, la jeune fille ne tarda pas à frictionner son torse. Fride s'approcha d'elle une fois qu'elle eut rangé sa tenue dans un coin, et lui prit la main pour observer le bandage à son poignet droit.

-Qu'est-ce que tu t'es fait ?

-C'est quand je fais ces rêves. En me réveillant, j'ai envie d'utiliser l'altération. J'ai l'impression que ma main va le faire d'elle-même.

-Et tu te mutiles pour que ça n'arrive pas, constata Fride en défaisant le bandage sommaire. C'est pas beau à voir dis-moi. Et c'est surtout stupide.

-Stupide ?

-Oui, stupide. De ce que j'ai cru comprendre grâce à Cuddy, tu refuses catégoriquement d'utiliser tes pouvoirs. Mais tu es une altératrice, c'est ainsi. Tu peux refuser cette réalité autant que tu veux, ça n'y changera rien.

Ce n'était pas une question de déni, mais de sécurité. Kharlène savait ce qui arrivait aux mages qui cédaient à la tentation. Ils mourraient tous, jeunes, sans espoir. Certains, en survivant, voyaient ce démon jaillir de leur corps, et ce même démon les tuait la minute suivante. Les rares qui étaient toujours en vie après l'éclosion se suicidaient quelques mois plus tard tant ils se sentaient faibles, amputés. Certes, elle était altératrice elle aussi, mais elle ne tenait pas à connaître ces déconvenues, et de toute manière, acquérir une énergie brute destinée uniquement à la violence ne l'intéressait nullement. Elle voulait simplement pouvoir dessiner en paix, sans être ennuyée jour et nuit par cette créature infecte. Sa main droite se mit à trembler dans celles de Fride, qui la maintint fermement.

-Je sais ce que tu traverses, beaucoup d'entre nous passent par là.

-Lâchez moi, s'il vous plait.

Fride l'interrogea du regard, surprise.

-Je n'aime pas qu'on me touche, précisa Kharlène.

-Il va falloir t'y faire, parce qu'aujourd'hui, tu vas en avoir, du contact physique.

-Pardon ?

La sous-officière fit quelques pas en arrière, et commença à décrire de légers moulinets avec ses bras. Kharlène aussi recula, le plus discrètement possible. Elle n'avait certainement pas donné son accord pour ce genre d'entraînement ! De ce que lui en avait dit Cuddy, elle s'attendait plutôt à quelques conseils d'ordre spirituels, des étirements, méditation, ou autres âneries similaires. Fride lisait la peur dans ses yeux. C'était bien une gamine du second district, ça. Réticente dès qu'il fallait mettre les mains dans le cambouis.

-Tu peux avoir peur de te battre, c'est même une bonne chose. Mais l'altération est faite pour ça, et si tu refuses de t'en servir, tu vas y passer. Qu'on se le dise : en tant qu'altératrice, tu vas mourir plus jeune que les autres. Reste à savoir ce que tu vas faire du temps de vie dont tu disposes. Soit tu continue de chialer comme une fillette chaque nuit et à être un zombie chaque jour, soit tu décides de passer le cap.

-...et ça implique de me faire frapper ?

-D'utiliser ton altération. Pour commencer, c'est toi qui va frapper. Tu sais utiliser le poing de fer, non ?

Poing de fer. Kharlène n'avait jamais entendu parler de cela, mais elle avait découvert quelques mois plus tôt qu'elle pouvait déployer une force particulièrement impressionnante lorsqu'elle fermait son poing droit. Elle fit facilement le lien. Il devait s'agir de l'une de ces techniques dont les altérateurs parlaient souvent. Elle ignorait simplement qu'ils avaient mis un nom sur certaines d'entre elles. Mais ce sobriquet n'avait  pas la moindre importance. Ce qui interpellait Kharlène, c'était l'invitation au combat. Fride se rendait elle compte qu'elle risquait de lui briser les os en utilisant ce pouvoir ? C'était de la pure inconscience. Comme souvent lorsqu'elle était plongée dans ses réflexions, Kharlène ne prêtait plus la moindre attention à ce qui l'entourait. Lorsqu'elle redressa les yeux, elle n'eut que le temps de voir la semelle d'une botte s'écraser sur sa poitrine avant de la faire chuter lourdement au sol. Fride la toisait, consciente mais nullement affectée de la douleur dont pâtissait sa disciple forcée.

-Tu peux décider de ne pas frapper, mais moi j'attends pas. Tu dois utiliser ton altération, et au passage affiner cette silhouette. T'es pas grassouillette, mais tu n'as pas non plus que la peau sur les os et moi, je vois pas où sont les muscles. Je frappe pas les gens à terre, alors soit tu rentre chez toi en rampant, soit tu te redresse et tu te prépares à encaisser le prochain coup ou tu te décides à le porter toi-même.


Dernière édition par Kharlène Pynt le Jeu 22 Mai - 12:55, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: L'affamé [Ouvert]   L'affamé [Ouvert] I_icon_minitimeJeu 15 Mai - 18:57

Kharlène se redressa lentement, tentant de reprendre son souffle. Fride n'y était pas allé de main morte ! Son épiderme lui faisait un mal de chien à l'impact. Elle aurait pu faire avec pour peu de comprendre le pourquoi d'une attaque aussi soudaine, mais les propos de son professeur ne faisaient pas sens. L'équation était pourtant simple. L'altération déclenchait l'aura, l'aura déclenchait l'éclosion, l'éclosion déclenchait la mort. Elle ne vit pas non plus le second coup. Cette fois, les phalanges de son adversaire la touchèrent si brutalement au visage qu'elle crut un instant qu'on lui avait arraché la mâchoire. Une main posée sur celle-ci lui apprit qu'elle était encore en état, mais un simple effleurement lui provoquait une telle douleur qu'elle en sentait les larmes monter aux yeux. Fride s'apprêtait à attaquer une nouvelle fois. Ne pas utiliser ses pouvoirs, soit, mais Kharlène n'allait pas se laisser massacrer pour autant. Prenant l'initiative, elle tenta à son tour un coup de poing lambda. Son bras prit une courbe maladroite, et fut intercepté par la grande rousse en pleine course. D'un geste fluide, elle pivota et fit passer l'adolescente par-dessus son épaule avant qu'elle ne s'écrase de toute sa masse sur le sol en gémissant et grimaçant. Mains sur les hanches, Fride vint se dresser tout proche et lui titilla sans ménagement les cotes du bout du pied, comme pour s'assurer qu'elle bougeait encore. Un grommellement inintelligible lui apporta la réponse adéquate.

-Peut-être que j'ai ton attention et ton respect maintenant ?

Dans quelle situation improbable s'était-elle faite embarquer...Kharlène se hâta de répondre d'un hochement de tête. Si le seul but était de la faire obtempérer, elle aurait pu y aller plus gentiment. Décidément, les femmes n'étaient pas de bonne compagnie. Fride redressa la jeune fille, qui dit tenir sur ses pieds malgré son état.

-Si tu utilises trop ton altération, tu meurs. Ça, tu le sais. Si tu n'utilises pas du tout ton altération, tu vas y passer aussi. Ton démon a besoin d'être nourri. Un bon altérateur ne lui coupe pas les rations, il les limite. Tu dois donner à ton démon le nécessaire pour qu'il survive sans pour autant te condamner.

Une question d'équilibre, en somme. Elle aurait largement pu le comprendre en se passant de ces ecchymoses ! Bon, quand bien même, au moins, on lui présentait un semblant de solution. Néanmoins, elle était loin d'être satisfaisante. Utiliser son altération, elle en était capable, mais uniquement via ce fameux poing de fer. Elle se voyait difficilement demander à un passant lambda chaque semaine de lui servir de défouloir. Fride vint poser une main sur son visage, au niveau de sa pommette. La sous-officière poussa un soupir en se rendant compte qu'elle y avait peut-être été un peu fort. La minute suivante, Kharlène s'appliquait consciencieusement un glaçon à l'endroit où les phalanges l'avaient touchée, pour éviter que son visage s'en trouve déformé pendant plusieurs jours. Non pas qu'elle se soucie particulièrement de son apparence. Elle aimait se plaire, mais n'avait guère cure de plaire aux autres. Le problème venait du fait qu'il était très mal perçu de se battre dans le second district. Ce genre d'activités rustres étaient réservés aux badauds de la plèbe. Fride s'était assise par terre et fixait la fille de Cuddy avec ses yeux perçants.

-Bon, on va pas attendre que le glaçon fonde non plus ?

-Qu'est-ce que je dois faire ? rétorqua Kharlène.

-T'es pas bien futée toi. Je te l'ai déjà dis, tu vas utiliser l'altération pour me frapper.

L'adolescente ferma les yeux, fit la moue. Elle ne pouvait pas se résoudre à l'attaquer avec une telle force, quand bien même la demande venait d'elle. C'était de la folie pure. D'un autre côté, elle craignait d'être de nouveau le souffre-douleur de cette énergumène si elle ne suivait pas ses recommandations, ou plutôt ses ordres. Soit, c'était elle qui l'avait voulu après tout. Elle ne prenait pas de plaisir à être violente, mais la rancœur qu'elle nourrissait dores et déjà envers Fride justifiait qu'elle passe outre ses principes moraux pour le moment. Kharlène se débarrassa du glaçon, chassa la mèche de cheveux blancs qui lui gênait la vue, et se mit en garde. Fride, tout sourire, s'approcha pour qu'elles se retrouvent au corps à corps. L'adolescente sentait l'énergie physique typique des Tarkins s'accumuler dans son poing droit, tandis que la masse de celui-ci grimpait. Était-ce pour cela qu'ils appelaient cette technique poing de fer ? Bah, qu'importe leurs sobriquets. Kharlène chercha Fride des yeux, comme pour demander confirmation que tel était bien son désir. Ce qu'elle lut dans son regard suffit à l'en convaincre. Les doigts se crispèrent à leur paroxysme et la bras s'élança, droit vers le visage de la sous-officière. Le choc fut terrible pour les phalanges de l'adolescente, soudainement rougies. La peau de Fride avait changé d'aspect pour présenter des craquelures ça et là et une couleur plus sombre. Kharlène avait eu l'impression de se heurter à un mur d'acier.

-Tu frappes comme une fillette, Kharlène ! Les années d'oisiveté ont fait de toi une petite bourgeoise larvaire on dirait.

L'échec, au lieu de décourager l'adolescente, la mit en rage. Serrant les dents pour passer outre la douleur, elle tenta une seconde attaque en tout point similaire. Cette fois-ci, elle poussa un cri qu'elle jugea pathétique lorsqu'elle fut une fois de plus confrontée à la peau durcie de son adversaire. Elle se mit à secouer sa main le plus rapidement possible, tentant vainement de faire passer la souffrance.

-Encore ! lui ordonna Fride.

Kharlène la fixa, incrédule. Elle ne comprenait pas comment elle pouvait résister sans ciller à des impacts de cet ordre. Un troisième, un quatrième, puis un cinquième coup suivirent. Tous touchèrent le font de Fride, et aucun n'y laissa la moindre trace. L'adolescente ne sentait littéralement plus sa main droite et était en sueur. Jamais elle n'aurait pu penser qu'utiliser l'altération pouvait épuiser à ce point. Sans doute n'était-elle simplement pas assez habituée à puiser dans ses réserves d'aura.

-Alors, comment tu te sens ?

-J'ai mal, fit simplement Kharlène, ne voyant pas trop quoi ajouter d'autre.

Elle aurait pu affirmer qu'elle était impressionnée par l'endurance de son professeur, voire que la situation lui semblait surréaliste, mais elle ne voyait guère l'utilité de la brosser dans le sens du poil, d'autant que ce n'était certainement pas le genre de réponse qu'elle attendait.

-Et ce mal de crâne, cette nausée ?

L'adolescente cessa le moindre mouvement que son corps effectuait. Elle avait mal à cause des coups qu'elle avait reçu, mais ne souffrait plus de cette affreuse sensation de perdition, et peinait à croire qu'il lui suffisait tout ce temps d'utiliser un petit peu son altération pour la chasser. Les solutions étaient souvent si évidentes qu'elles lui passaient sous les yeux. Comme pour s'en assurer, elle palpa de sa main gauche sa tempe, puis sa main opposée. Elle se sentait incroyablement légère, comme si elle venait de se débarrasser d'un sac d'argile qu'elle traînait depuis des mois. Ses paupières, elles, s'avéraient plus lourdes que jamais. La volonté de fuir le lit chassée, son métabolisme lui rappelait sans sommation qu'elle avait de nombreuses heures de sommeil à rattraper.

-Je me sens...beaucoup mieux. Vraiment...

-Incroyable, hein ? Ça m'a fait la même chose au début. Moi non plus je voulais pas utiliser mes pouvoirs, mais maintenant qu'on les a, autant s'en servir. Je vais t'apprendre à rendre ton corps plus dur que le roc ! Comme ça tu pourras utiliser cette technique lorsque le besoin s'en fera sentir.

-Je vais pouvoir devenir aussi résistante que vous ?

Fride partit d'un éclat de rire tonitruant, à mi-chemin ente la franche euphorie et la boutade non-verbale.

-Je crois pas, non ! En tout cas, ça me ferait mal que tu sois aussi douée que moi en une matinée. Mais ce sera déjà ça de pris. Prête ?

L'envie de répondre par la négative grimpa crescendo avant de redescendre lentement. Elle se serait sentie mal de demander une pause maintenant alors que les méthodes de Fride portaient finalement leurs fruits. La sous-officière entreprit alors de lui expliquer par quel méthode elle pourrait utiliser le « corps de pierre ». Il s'agissait en premier lieu de parvenir à localiser la source de son aura. Cette étape, primordiale, se retrouvait dans nombre de techniques d'Altération, mais chaque mage possédait une source différente. Pour Fride, il s'agissait de l'épaule. Dès qu'elle utilisait ses pouvoirs, elle sentait l'aura se déplacer depuis ce lieu vers le catalyseur, souvent ses poings ou ses pieds. Kharlène dut porter quelques poings de fer supplémentaires sur les mannequins d'entraînement pour parvenir à localiser sa propre source, qui lui sembla être l'estomac. Encore fallait-il déterminer s'il s'agissait de cette fameuse aura dont Fride lui parlait sans cesse ou de son appétit, résultant du manque de petit-déjeuner avant son départ. Quoiqu'il en soit, cette première étape lui semblait accomplie.

-Très bien, la félicita Fride. Pour le corps de pierre, c'est très simple ! À dire vrai, je crois que c'est même la technique la plus simple que je connaisse...tu dois répandre cette énergie partout en toi. Pour le poing, l'aura se déplace jusqu'à ta paume. Tu peux le sentir ?

-Maintenant que vous le dites, oui. C'est comme une fumée, palpable, invisible, tiède...

-Ça me fait à peu près ça aussi. Allez, vas-y, essaie. Concentres toi, il faut bien que l'aura aille partout. Si t'oublies un endroit, l'équilibre sera rompu et tout sera à refaire, alors appliques toi !

Kharlène prit une inspiration, d'instinct. Lorsqu'elle s'adonnait toute entière à une tache précise, elle entrait constamment en apnée. Elle se focalisa pour commencer sur son estomac, localisant ce qu'elle pensait être la source de son aura, et tenta de la visualiser. Dans son imaginaire, elle ressemblait à la fumée du tabac, avec des teintes orangées. Ne sachant comment la faire se mouvoir, elle effectua un énième poing de fer. L'aura entama sa course vers la paume de sa main, rampant auparavant sur son flanc, sous son aisselle puis sur son avant-bras, mais Kharlène la stoppa. Le procédé se répéta une second fois pour sa main gauche, et la fumée fut arrêtée au niveau du poignet. À présent qu'elle était figée dans ses bras, elle l'étendit, la déforma, l'étira jusqu'à qu'elle recouvre ses épaules puis son cou. Reprenant la source de son estomac, elle puisa en elle pour la faire descendre jusqu'à son bassin, ses cuisses, puis directement la plante de ses pieds. Ne restait que la tête. L'adolescente s'assura que tout était bien en place, prit une seconde bouffée d'air, et fit grimper son énergie jusqu'au sommet de son crâne. Lorsqu'elle rouvrit enfin les yeux, sa peau avait pris un aspect grisâtre, craquelé par endroit. Elle se sentait toujours aussi légère, mais autrement plus résistante. La technique se maintint quelques secondes, puis fut annulée. Kharlène était presque euphorique lorsqu'elle se tourna vers Fride.

-Pas mal, pas mal ! Prête à tenter le coup en condition réelle ? Juste un coup de poing normal, t'en fais pas.

L'instant précédent, Kharlène se serait empressée de refusée. Mais, mise en joie par sa réussite à son sens fulgurante, elle accepta. Après qu'elles se soient toutes deux affirmées prêtes, le poing de Fride fusa. Kharlène inspira, ferma les yeux, étira son aura, prit l'impact en pleine figure, et tomba dans les pommes.



Ce post fait guise de première moitié de l'entraînement pour Corps de Pierre.
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MessageSujet: Re: L'affamé [Ouvert]   L'affamé [Ouvert] I_icon_minitimeLun 19 Mai - 15:30

Kharlène se réveilla en sursaut. Le bouche pâteuse, les membres engourdis, elle ne trouva toutefois pas matière à se plaindre. Pour la première fois depuis longtemps, elle se sentait en forme, comme si elle avait passé une bonne nuit de sommeil. Mais était-ce le cas ? Elle était dans l'une des chambres communes de l'orphelinat, sous ses draps, pourtant la dernière chose dont elle se souvenait était de la vision trop proche du poing serré de Fride. Elle n'avait pas réussi à utiliser sa nouvelle technique à temps. En y repensant, vouloir se lancer dans le grand bain pour sa deuxième tentative fut une idée affreusement mauvaise. Si mauvaise qu'elle ne comprenait pas comment elle pouvait l'avoir eue. Comme pour s'assurer d'être bel et bien consciente, l'adolescente effleura son front du bout de l'index, qu'elle retira vivement. L' ecchymose était encore là, et s'avérait douloureuse bien que son volume ai baissé. Drôle de femme que cette Fride, mais Kharlène l'appréciait en fin de compte, tant pour son franc-parler que pour ses manières à milles lieues des us Tarkins. Elle qui avait toujours considéré la garde royale comme une bande de brutes irritante ravisa son jugement : c'était une bande de brutes sympathiques. Enfin, mieux ne valait pas s'emballer. Fride était avant tout un contact de Cuddy, ce qui la rendait nécessairement singulière. Rien n'assurait que tous les autres étaient aussi...étonnement plaisants. La jeune fille tenta de se mouvoir mais dû s'y essayer à plusieurs reprises avant que ses jambes ne répondent. Une gamine, dix ans tout au plus, remarqua alors que son aînée avait ouvert les yeux.

-Kharlène est debout ! cria-t-elle dans l’entrebâillement de la porte.

Alors qu'elle venait à peine de se redresser et de parvenir à s'asseoir, l'intéressée grimaça. Elle n’était pas réellement debout, et surtout aurait volontiers profité de quelques instants seule pour se remettre d'aplomb en remettant au clair les souvenirs qui lui revenaient à l'esprit. Sur la chaise proche de sa couchette étaient pliés les différentes parties de la tenue d'entraînement utilisés par les soldats à la cour. On l'avait probablement transportée ainsi vêtue jusqu'à sa demeure. Un vent de panique la gagna avant d'être aussitôt chassé. Ils n'avaient pas oublié ses lunettes, qui étaient posées sur la table de nuit. Elle les empoigna, releva les cheveux qui tombaient sur sa nuque pour y placer l'élastique, qu'elle tendit ensuite jusqu'à son front où virent se poser les verres bicolores, juste au-dessus de la bosse encore douloureuse qu'elle évita soigneusement. Elle portait actuellement un pyjama, le même qu'à l'accoutumée, et était certaine de ne pas l'avoir enfilé d'elle-même. Quelqu'un s'était donc chargé de la changer et l'avait vu presque nue. Ça ne lui plaisait guère, mais ne la tourmentait pas suffisamment pour qu'elle s'attarde sur ce détail, d'autant plus qu'une main posée sur son épaule vint la ramener à la réalité. Cuddy se tenait là, assis sur son lit, entouré de quelques uns de ses enfants adoptifs.

-Comment te sens-tu, très chère ?

-Ça va...fit-elle en se frottant les yeux. J'ai dormi longtemps ?

-Presque vingt-quatre heures. Je ne te connaissais pas fainéante, railla-t-il.

Kharlène grommela une réponse incompréhensible sans y mettre d'entrain. Cuddy lui caressa le visage quelques secondes - elle dut se retenir de lui briser les doigts tant elle détestait cela - puis se releva. Il était pleinement satisfait du travail de Fride, qui avait pu remettre son altératrice sur pied. Celle-ci l'interpella avant qu'il ne reparte vers le rez-de-chaussée. Elle venait de se souvenir d'un rendez-vous pour le moins essentiel qu'elle ne pouvait se permettre de louper.

-La reine m'a conviée à un anoblissement.

-Je suis au courant. La cérémonie commence d'ici deux petites heures, habilles-toi en conséquence. Nous y allons ensemble.



Voilà qui conclut ce topic! Je peux avoir de l'xp? Very Happy
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MessageSujet: Re: L'affamé [Ouvert]   L'affamé [Ouvert] I_icon_minitimeLun 19 Mai - 19:05

Etant donné la qualité de l'écrit (bien que quelques fautes présentes au début), l'ajout de personnages secondaires intéressant, et l'intérêt que tout cela porte sur le vécu de l'altération, je donne 294 points d'XP à Kharlène. Je retire néanmoins 1 point pour non respect des modérateurs!
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MessageSujet: Re: L'affamé [Ouvert]   L'affamé [Ouvert] I_icon_minitime

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