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 Son nom est...

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Kharlène Pynt
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Kharlène Pynt


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Date d'inscription : 10/04/2014

Feuille de personnage
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MessageSujet: Son nom est...   Son nom est... I_icon_minitimeJeu 1 Mai - 20:41

Il faisait sombre dans les grottes ce jour-ci. Les phosphèrs éclairaient les enceintes de Néo-Utopia et les grandes exploitations agricoles, mais étaient en faible nombre dans les dédales creusés par les galeries. Mariambar Cane et sa femme Dolorès, en leur état de contremaîtres, venaient vérifier l'avancée du travail de leurs ouvriers, mais ils ne trouvèrent que des champs abandonnés. Cela ne ressemblait pas à leurs hommes. Ils avaient beau être fainéants et insolents, on ne pouvait leur enlever le bon sens. Avoir un travail dans l'agriculture était une chance rare, une occasion d'être reconnu socialement et payé convenablement, voire de devenir à son tour contremaître et obtenir, si le destin le voulait, une audience avec la famille royale. Cette main d'œuvre n'aurait pas déserté sans raison valable, et les Cane n'étaient pas du genre à laisser ce genre d'interrogations en suspens. Aventureux de nature, ils n'hésitèrent pas à s'avancer dans les recoins obscurs des tunnels avoisinants sans prendre le temps d'avertir la garde de l'anormalité de la situation. Ce fut ainsi que Mariambar et Dolorès découvrirent un amoncellement de cadavres. L'homme se plaque la main contre la bouche, répugné par les blessures saillantes et l'odeur nauséabonde qui se dégageait du tas de corps morbide. Sa compagne, plus réactive, s'empressa d'aller vérifier la nature des entailles, mais n'eut pas le temps de mettre un nom sur l'arme ou la bête qui avait tué ces travailleurs. Trois corps se mouvaient encore.

-Mariambar ! Par ici !

Resté sur place, le contremaître avança en tentant de détourner les yeux. Un ouvrier, simplement assommé, respirait encore. Un second, quelque peu écorché, avait les yeux grands ouverts et le souffle court mais était en état de choc et ne put leur révéler la moindre information sur ce qu'il venait de se passer. Pour autant, ce n'était plus réellement nécessaire au vu de l'identité des deux rescapés. Deux altérateurs. Les deux seuls parmi le groupe. À cette profondeur, seuls les démons attaquaient. Tandis que Mariambar s'occupait d'éloigner tant bien que mal les survivants, Dolorès alla s'agenouiller près de la dernière personne en vie. Une gamine. Elle ne la connaissait pas, ne se souvenait même pas de l'avoir aperçue à un moment ou un autre. La petite, huit ans tout au plus, sanglotait et tremblait, à n'en pas douter traumatisée par ce qu'il venait de se passer sous ses yeux. Elle n'eut pas la moindre réaction lorsque Dolorès la prit dans ses bras, et la fit légèrement pivoter pour comprendre d'où venait ce sang qui coulait à présent sur sa main. À l'arrière du crâne de l'enfant, le liquide suintait d'une plaie très récente. Avec un foulard, la contremaîtresse improvisa un bandage, s'écarta, puis fit s'asseoir avec douceur la gamine qui gémissait, hors de vue de ces cadavres. Elle aurait bien voulu ne pas avoir à lui demander qui elle était, mais son bracelet s'était brisé durant l'affrontement. Déjà, la garde royale arrivait sur place, accompagné d'un médecin qui alla examiner la blessure tandis que Dolorès ne lâchait pas la main de la petite. Elle ne disait rien, ne réagissait pas, ne tremblait plus.

-Je m'appelle Dolorès Cane. Comment tu t'appelles ?

La fillette la regardait droit dans les yeux, l'air navrée. Elle ne répondit rien, mais on pouvait voir à son regard qu'elle avait compris la question. Au moins, ses facultés mentales ne semblaient pas gravement affectées. Mariambar rejoignit sa femme alors qu'elle insistait avec douceur pour obtenir d'autres réponses. Il avait tendance à oublier que, dans sa jeunesse, Dolorès avait elle aussi étudié la médecine. Les grands blessés l'avaient toujours passionnée, surtout lorsqu'ils gardaient des séquelles. Cela n’empêchait qu'elle ne leur souhaitait que du bien, mais une telle passion demeurait morbide. Mariambar posa une main sur l'épaule de sa dulcinée, et, de la tête, lui fit signe qu'ils avaient à parler un instant en privé. Dolorès rassura l'inconnue, lui affirmant qu'elle reviendrait la minute suivante, puis suivit son mari jusqu'à qu'ils soient suffisamment à l'écart pour ne pas avoir à murmurer.

-Droy et Archibald ont survécu. C'étaient les seuls mages.

-Je sais, Mariambar...

-Il s'agissait nécessairement de démons. Nos gars étaient costauds. S'ils ont péri mais pas la gamine, ça ne peut...

-Je le sais bien !

Un flottement s'installa, pesant. Les regards évitaient de se croiser, comme pour ne pas avoir à assumer la lourde responsabilité que leur réalité imposait. La petite anonyme ne pouvait être qu'une infectée. Elle allait sous peu développer de la magie d'altération, et ne serait, à son âge, aucunement en mesure de se maîtriser. En quelques semaines tout au plus, le démon pourrait éclore. Ils se devaient de la tuer maintenant, avant qu'il ne soit trop tard. Les iris entrèrent enfin en contact. Dolorès hocha frénétiquement la tête.

-Je ne peux pas laisser mourir cet enfant, Mariambar.

-Elle a perdu la mémoire, non ?

-Impossible de le dire pour l'heure. La perte est peut-être uniquement momentanée.

Second flottement. Les deux contremaîtres étaient mariés depuis plus de vingt ans. Ils se connaissaient mieux que n'importe qui, et ne pouvaient plus décemment se mentir. Comme toujours lorsqu'elle s'essayait à la mauvaise foi sans y croire, les joues de Dolorès rosissaient.

-Elle a perdu la mémoire, insista Mariambar.

-Soit.

-Il n'y a pas d'avenir pour une inconnue amnésique chez les Tarkins. Encore moins si c'est une altératrice.

Dolorès soupira bruyamment. Son mari avait raison, comme souvent, mais il était des obligations qui lui pesaient sur la conscience. Elle retourna auprès de l'anonyme, déterminée. S'il fallait réellement la tuer, elle voulait le faire elle-même. Après tout, c'était elle qui l'avait retrouvée, et elle se sentait responsable de ce qui devait lui arriver. Le médecin ayant accompagné la garde royale en avait fini avec elle. La blessure, selon lui, ne laisserait presque aucune trace. Comme prévu, l'amnésie semblait en revanche définitive. Une personne sans passé est une personne sans avenir, tenta de se convaincre la contremaîtresse. Tandis qu'elle s'agenouillait pour se mettre à son niveau, elle la jaugea une dernière fois. Son visage était doux, orné d'un charmant air ébahi. Nez en trompette, yeux noisettes, tâches de rousseur. Oui, la petite était mignonne, et deviendrait belle en grandissant. Fait insolite, sa chevelure arborait un coloris opalin. Mais il n'était plus temps de s'intéresser à elle. Derrière son dos, le poignet de Dolorès pivota brusquement, laissant glisser depuis sa manche une lame courte.

-Tu ne te souviens vraiment pas de ton nom ?

La gamine fit non de la tête, première réaction de sa part. Dolorès l'enlaça délicatement, faisant passer son bras derrière sa nuque. Autant continuer à lui parler jusqu'au bout, qu'elle ne puisse pas avoir le temps de souffrir une fois encore.

-Peut-être que ça commençait comme ça : Jud... ? El... ?

Frénétiquement, la petite continuait de réfuter. Tout autour, la garde royale sommait à Dolorès de se hâter. En tant que contremaîtresse, elle était en droit de demeurer en ce lieu d'où les civils lambda auraient été chassés en un rien de temps, mais il ne fallait pas pousser le vice trop loin. Mariambar, à quelques mètres, se mordillait les phalanges. Il avait beau tenter de porter la culotte, il était bien content que sa femme soit apte à faire ce qui devait être fait. Lui n'aurait pas pu. Dolorès continuait de lister des syllabes. Elle voulait mettre la petite en confiance, finir de la distraire totalement.

-La... ? Cha... ?

-Charlène.

Sous le coup de la surprise, Dolorès écarquilla les yeux. Elle ne s'attendait certainement pas à ce que la condamnée réagisse réellement, encore moins qu'elle parle. Comme on pouvait s'y attendre, sa voix avait un timbre fluet, doux mais éloigné, déconnecté. Une fille bien étrange que voici. Charlène. Avec son simple prénom, ils auraient pu retrouver ses parents. Mais à en juger par ses vêtements, ils vivaient certainement dans le quatrième district. Quoique, après tout, ils avaient peut-être un avenir à leur offrir. Dolorès releva le poignet, rétractant son arme dans l'ample manche de son manteau, et prit Charlène par la main, l'emportant sur ses pas sans qu'elle proteste. Mariambar les rejoignit au pas de course.

-À quoi penses-tu ?

-On va l’emmener chez Hoban.

-Chez Hoban ?

-Oui. Elle est jolie, elle ne se souvient que de son prénom. Ses cheveux sont blancs comme neige, et elle a un démon ! Ça lui suffira, non ?

Cuddy Hoban. Un homme des plus insolites. Il était dans les petits papiers du roi, et était un véritable collectionneur de curiosités. Celles qu'il préférait, c'étaient les enfants. Dès lors qu'il mettait la main sur un orphelin atypique digne d'amuser le monarque et gagner plus encore ses faveurs, il le recueillait dans sa bâtisse, devenue un pseudo-orphelinat. Pour sûr, un spécimen de l’acabit de Charlène l'intéresserait suffisamment pour qu'il déverse quelques watts. Une compensation suffisante pour la perte de leurs ouvriers. Restait qu'ils ne savaient pas si la gamine était ou non orpheline. Mariambar fit part de ce point à sa femme.

-Ça c'est loin d'être un problème, répondit-elle.

Une heure plus tard, des gardes royaux exécutaient les parents de Charlène, sous couvert d'actes de rébellion menaçant l'ordre public, le tout sous ordre de Hoban. Haut de taille, fin, les joues creusées, il avait cet air à la fois exalté et hautain caractéristique des dignitaires Tarkins exubérants. Debout, les mains croisées dans le dos, il tournait autour de Charlène, lovée dans un fauteuil en cuir. Les Cane, en retrait, ne cherchaient pas à intervenir. Ils voyaient dans l'œil vitreux du collectionneur une lueur d'intéressement, et cela leur suffisait amplement. Compatir au malheur d'une fillette était une bonne chose, mais la vertu n'assurait pas une place de choix dans la société. Lorsqu'il eut fini d'observer sa future acquisition sous toutes les coutures, Hoban alla se placer aux côté de ses clients, derrière la gamine qui ne s'était pas retournée.

-Charlène, fit-il sur un ton neutre, sans émotion.

Aucune réaction.

-Charlène.

Toujours pas la moindre esquisse de mouvement.

-Charlène.

Enfin, elle se retourna, fixant cet inconnu qui venait tout juste de l'interpeller. Les lèvres du collectionneur s'étirèrent pour former un sourire satisfait. Elle était parfaite. Sans un mot, Hoban tendit le bras vers Mariambar, révélant son bracelet d'identité. Le contremaître fit entrer le sien en contact, et la transaction précédemment arrangée eut lieu.

-Allez, sortez maintenant, somma Cuddy.

Confus, les époux n'hésitèrent toutefois pas un seul instant. À présent qu'ils avaient fait affaire, plus loin ils se tenaient de cet homme, mieux ils se portaient. Celui-ci alla poser ses mains sur les épaules de Charlène, en soulevant parfois une pour la passer dans ses cheveux nacrés.

-Ma petite, tu es presque parfaite. Seulement presque, malheureusement. Mais je suppose que personne ne va se plaindre si je change une petite lettre de ton prénom, n'est-ce pas ?

Le regard fixe, Charlène ne bronchait pas. Elle ne comprenait pas ce qu'il se passait. Elle ne comprenait pas qui étaient tous ces gens. Elle ne comprenait pas pourquoi il lui était arrivé tout ce qui lui était arrivé. Mais tels étaient les Pynt. Des enfants sans histoire, des objets que l'on exposait. Charlène reçut ce nom, comme tous les orphelins achetés par Cuddy Hoban. Depuis ce jour, elle se souvient que son prénom est Kharlène. Ce jour étant le plus lointain dont elle se souvienne, Charlène se souvient depuis toujours que son prénom est Kharlène.
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MessageSujet: Re: Son nom est...   Son nom est... I_icon_minitimeSam 3 Mai - 15:35

Présentation impeccable, le cadre est posé, et il est bon !
On a hâte d'en savoir un peu plus sur cet orphelinat.

Mention spéciale à la dernière phrase !

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